Crédit Photo : Miguel SCHINCARIOL / AFP Archive
Vue d'un moustique transgénique Aedes aegypti OX513A, créé par Oxitec, à Piracicaba, Sao Paulo, Brésil, le 26 octobre 2016.
Face à une flambée inédite de paludisme, les autorités de Djibouti testent une nouvelle stratégie : des moustiques génétiquement modifiés, porteurs d'un gène empêchant les femelles de propager la maladie en atteignant l'âge adulte.
Ce projet pilote vise à contrer l'expansion d'Anopheles stephensi, une espèce résistante aux insecticides, originaire d'Asie et présente dans huit pays africains. Cette espèce est responsable de l'augmentation des cas de paludisme en Éthiopie et à Djibouti, où elle a été détectée en 2012, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
En 2019, Abdoulilah Ahmed Abdi, conseiller à la santé de la présidence djiboutienne, a pris connaissance d'une méthode innovante développée au Brésil pour lutter contre la dengue. Cette approche utilise des moustiques mâles génétiquement modifiés, conçus par la société britannique Oxitec, pour empêcher la survie des femelles.
Djibouti a adopté cette technologie en mai, relâchant 40 000 moustiques Anopheles stephensi génétiquement modifiés. Depuis le 6 octobre, des lâchers hebdomadaires sont prévus jusqu'en avril prochain.
Abdoulilah Ahmed Abdi déclare:
"Nous essayons de trouver, avec notre partenaire Oxitec, une solution innovante et durable qui pourrait avoir un impact sur toute la région et le continent en général. C'est une initiative pour toute l'Afrique".
Les résultats de cette expérimentation sont attendus à la mi-2025. Djibouti envisage également la construction d'une usine pour produire ces moustiques à destination du continent africain.
Oxitec, déjà actif au Brésil et aux États-Unis, affirme que ses moustiques modifiés peuvent réduire les populations de moustiques de plus de 90 %. Selon Neil Morrison, directeur de la stratégie d'Oxitec,
"il n'y a rien de mieux que le moustique mâle pour trouver la femelle qui transmet les maladies".
Malgré l'enthousiasme autour de ce projet, certaines voix s'élèvent contre l'utilisation de moustiques génétiquement modifiés.
L'ONG GeneWatch UK a exprimé, dès 2019, des inquiétudes sur les conséquences imprévues de cette technologie, notamment la possible migration de moustiques sauvages vers des zones voisines ou la présence de femelles parmi les mâles relâchés.
Oxitec assure que ses moustiques sont
"complètement inoffensifs et non toxiques".
Toutefois, la question des coûts demeure, surtout en Afrique, qui concentre 95 % des décès dus au paludisme chaque année.
Selon Dorothy Achu, responsable des maladies tropicales à l'OMS:
"Les premiers résultats sont très prometteurs, mais nous avons besoin de solutions durables".
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