Crédit Photo : MICHELE CATTANI / AFP
Un jeune garçon remplit des bidons dans le quartier de Tarhil, à Nouakchott, le 11 octobre 2024. Tarhil, qui signifie "déplacé", est un quartier créé à l'extrême périphérie de Nouakchott pour les personnes qui vivaient auparavant dans des zones non autorisées du centre-ville.
Cela fait dix ans que Khadidjatou Taher, 42 ans, vit dans le quartier de Tarhil, en périphérie de Nouakchott, sans avoir de robinet chez elle. Trouver de l’eau dans cette cité, marquée par des bidonvilles posés sur des dunes de sable, est un défi quotidien.
"L’eau manque terriblement à Tarhil",
déplore-t-elle, vêtue d’une 'meulfeu'. Si des réservoirs publics et un système de camions-citernes ont été installés,
"ils ne viennent pas tous les jours et les quantités sont insuffisantes pour nos familles et nos bêtes",
explique-t-elle.
Créé il y a une quinzaine d’années pour limiter les constructions anarchiques à Nouakchott, Tarhil souffre de l’urbanisation galopante et d’un réseau de distribution inadapté. Si certaines familles bénéficient d’eau courante, d’autres dépendent de bidons transportés par des charretiers.
La Mauritanie, pays saharien où les températures atteignent régulièrement 45 degrés, fait face à une crise de l’eau structurelle. Selon l’Unicef, plus de 22 % de la population n’a pas accès à l’eau potable, l’un des plus faibles taux au monde.
La situation à Tarhil s’est aggravée depuis les pénuries de l’été dernier, dues à des défaillances du réseau et à des dépôts de boue causés par les pluies.
Nouakchott dépend principalement des eaux du fleuve Sénégal, situé à 200 kilomètres. Mais les infrastructures souffrent d’un manque d’entretien.
"Les fuites entraînent une déperdition de près de 40 % de l’eau",
constate Mohamed Touarad, directeur de l’ONG Tenmiya.
Le Quotidien des Habitants
Chaque jour, Khadidjatou Taher doit faire appel à des charretiers pour transporter des bidons qu’elle range soigneusement dans un hangar.
"Même 100 bidons ne suffisent pas pour nos besoins en période de chaleur",
déplore-t-elle.
Dans les rues de Tarhil, des charrettes tirées par des ânes côtoient des pick-ups transportant des réservoirs.
"Nous avons soif et aimerions une distribution globale, mais les citernes sont souvent en retard",
se plaint El Id Ahmed, un habitant de 45 ans.
Les Promesses du Gouvernement
Des projets d’extension du champ captant d’Idini, situé à 60 kilomètres de la capitale, et de construction d’une usine de dessalement à Nouakchott figuraient parmi les priorités du président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Mais les travaux sont au point mort.
Le gouvernement a récemment annoncé un
"vaste programme d’urgence"
incluant un volet consacré à l’eau. Ce plan prévoit l’extension des réseaux d’adduction dans les quartiers cibles comme Tarhil, où les
"tuyaux sont encore secs",
selon El Id Ahmed.
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