Selon le professeur Recep Karacakaya, le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan mène une politique pragmatique de normalisation des relations entre l'Arménie et la Türkiye, marquée par des déclarations remettant en question la thèse du "génocide arménien".
Le professeur Recep Karacakaya, membre du corps professoral de l'Université Medeniyet d'Istanbul, analyse les récentes déclarations de Pashinyan sur les allégations de "génocide".
L'impact de la guerre du Karabagh
Après la Seconde Guerre du Karabagh en 2020, Pashinyan a changé de politique en prenant des mesures pour normaliser les relations avec la Türkiye et l'Azerbaïdjan.
Il a abandonné les positions intransigeantes de ses prédécesseurs concernant le Karabagh, recherchant des accords avec la Türkiye et l'Azerbaïdjan, et a compris que la sécurité et la prospérité de l'Arménie dépendent de la normalisation des relations avec ses voisins.
Après les tremblements de terre du 6 février centrés à Kahramanmaraş, Pashinyan a envoyé des équipes de secours et de l'aide humanitaire dans la région sinistrée, et la Türkiye a répondu sincèrement à ce geste de bonne volonté en ouvrant le poste-frontière d'Alican.
Les étapes de normalisation de l'Arménie
Pashinyan pense que l'Arménie ne pourra jamais établir la paix si sa politique d'État est dirigée vers la réunification du Karabagh avec l'Arménie, et que cela conduirait à la guerre.
Il soutient que la réévaluation de la constitution et de la déclaration d'indépendance renforcerait l'Arménie à long terme.
Les débats sur la normalisation en Arménie ne se limitent pas à la modification de la Constitution. Les autorités ont même évoqué la modification des paroles de l'hymne national, qui contiennent les mots "meurtre" et "mort", et la révision des armoiries de l'État, qui incluent le mont Ararat, jugées non conformes aux réalités actuelles.
Le gouvernement justifie ce changement en affirmant qu'il est nécessaire de se concentrer sur le présent plutôt que de rester attaché au passé, tandis que les opposants y voient une tentative de rompre les liens avec le passé, y compris l'oubli du soi-disant "génocide".
Pashinyan a souligné que les ambitions territoriales des Arméniens vis-à-vis de la Türkiye et de l'Azerbaïdjan sont contradictoires et constituent une menace sérieuse pour l'Arménie.
Pashinyan a également souligné qu'aller au-delà des droits souverains de l'Arménie donnerait aux autres l'occasion d'empiéter sur sa souveraineté.
L'appel d'Andranik Kotcharyan, un député influent et président du Comité de défense du Parlement, à identifier et vérifier le nombre des victimes du "génocide" a intensifié les critiques de l'opposition, qui accuse désormais même le parlement de défendre des vues turques.
La normalisation du récit historique
En conclusion, Pashinyan semble suivre une politique réaliste et pragmatique proche de celle de Levon Ter Petrosyan, en mettant l'accent sur de bonnes relations avec la Türkiye.
Toutes ces évolutions montrent que Pashinyan pourrait appliquer des politiques pragmatiques tout en prenant en compte les équilibres internes de l'Arménie. Il pourrait trouver des moyens de développer des relations normales avec la Türkiye, tout en tenant compte des réactions de l'Église, des nationalistes et de la diaspora.
S'il parvient à obtenir le soutien populaire et à rester au pouvoir, des mesures significatives pourraient être prises. Si le processus de normalisation se poursuit, les arguments concernant certaines figures historiques accusées par les historiens et les lobbies arméniens pourraient également être réévalués.