Crédit Vidéo : Ulrich Yasser / Nouvelle Aube
A l’ESSCOM, Amadou Tahirou Daouda est classé parmi les meilleurs étudiants de sa classe malgré son handicap.
“A cœur vaillant rien d'impossible”, dit-on. Amadou Tahirou Daouda s’est approprié cet adage. Son handicap aux yeux ne l’empêche pas d’embrasser son rêve. Fasciné par le journalisme, ce dernier a tout mis en œuvre pour intégrer l'Ecole Supérieure des Sciences de la Communication et des Médias (ESSCOM) de Niamey après son baccalauréat.
Dans quelques années, sauf grosse surprise, le Niger connaîtra son tout premier journaliste non-voyant. Amadou Tahirou Daouda, étudiant en première année de journalisme à l’Ecole Supérieure des Sciences de la Communication et des Médias (ESSCOM) de Niamey compte bien relever ce défi.
"J’ai vu que dans mon milieu, il y a de tout. Il y a des avocats, il y a des juges, il y a des médecins et pourquoi pas un journaliste handicapé ?"
, se demande M. Daouda qui ajoute que c’est pour cette raison qu’il a surtout décidé d’essayer.
L’autre raison, ajoute-t-il,
"il y a des journalistes qui présentent dans les radios et la télévision. Leur façon de présenter me plait beaucoup et je me suis demandé si un jour je ne pourrais pas être comme eux. Cela aussi m’a motivé"
.
L’ancien censeur du lycée où l’étudiant handicapé a eu son bac témoigne aussi de ce projet dont il parlait. Hamani Hamadou raconte qu’après son baccalauréat Amadou Tahirou Daouda a refusé d’aller poursuivre ses études dans des universités à l’étranger alors qu’il avait plein d’opportunités.
"Il m’a appelé un jour me disant qu’il y a un souci parce qu’on aimerait l’envoyer à l’extérieur. Je lui ai alors demandé où est le souci. Il me répond que non, lui veut faire du journalisme et qu’à l’extérieur qui va s’occuper de lui ? Je lui ai répondu qu’on s’est toujours occupé de toi. Lui me répond non, qu’à l’extérieur, il n’a pas l’assurance qu’il pourra faire du journalisme alors qu’il veut faire du journalisme. Je lui ai dit, que Dieu t’aide. Donc quand il a eu l’inscription, il m’a appelé et il criait de joie. Je lui ai donc dit que Dieu lui facilite la tâche"
, rapporte l’ancien censeur.
A l’ESSCOM, Amadou Tahirou Daouda est classé parmi les meilleurs étudiants de sa classe malgré les difficultés évidentes qu’il doit affronter. L’Institut a toutefois pris des dispositions pour faciliter l’apprentissage à cet étudiant très particulier.
Amadou Tahirou Daouda s’estime très chanceux parce qu’il reconnaît qu’il passe un cursus plutôt calme. Ces camarades étudiants et le corps enseignant se mettent à son rythme. Doulla Hamadou, enseignant à l’ESSCOM explique que
"la particularité avec Daouda, c’est que vous êtes obligé de suivre son rythme parce qu’il écrit en braille contrairement aux autres. Vous êtes donc obligé de suivre son rythme à chaque fois, quand il finit, vous êtes obligé de lui demander de relire pour voir s’il est vraiment au même niveau que les autres. Sinon, on ne s’ennuie pas avec lui et il arrive à vraiment bien suivre les cours"
.
Amadou Tahirou Daouda indique lui-même qu’il n’a aucune difficulté avec les cours. Comme il écrit en braille, l’ESSCOM a pris les dispositions pour traduire ses copies après chaque devoir. Ce n’est qu’après cette étape que les enseignants font la correction et le notent.
Comme l’administration de l’ESSCOM, les camarades de Daouda jouent leur partition pour lui faciliter la tâche. Charifa Hamidou Issa est une amie de longue date de l’étudiant non-voyant.
"On s’est connu depuis le collège. Dieu faisant bien les choses, on s’est retrouvé à l’ESSCOM donc j’ai décidé de l’amener et de le ramener à la maison puisqu’on est dans le même quartier. Il est très sympa, il est très sympa, on le taquine mais il ne se fâche pas. On se taquine mais il ne se fâche jamais. Il est toujours souriant, il n’a pas de problème"
, raconte-t-elle toute souriante.
Comme le dit Amadou Tahirou Daouda, le handicap n’est pas une fatalité mais juste un défi à relever. Il compte réaliser son rêve de devenir journaliste et envisage déjà une belle carrière dans la presse nigérienne dans quelques années.
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