Niger: Le pouvoir de transition compte effacer les traces de la colonisation dans les villes

La rédaction
17:3431/05/2024, пятница
MAJ: 31/05/2024, пятница
Yeni Şafak
Crédit Vidéo : Yasser Ulrich / Nouvelle Aube
Les autorités nigériennes comptent désormais rebaptiser les boulevards, les avenues, les rues et autres places publiques pour valoriser et rendre hommage aux héros nationaux.

Les militaires au pouvoir au Niger sont décidés à en finir avec les vestiges du passé colonial. Dans les décisions prises pour s’affranchir de la tutelle française, le régime du général Abdourahamane Tiani met un point d’honneur à rebaptiser les rues, avenues et autres places publiques qui étaient à la gloire des personnalités françaises du temps colonial. En mars dernier, le Conseil National pour la Souveraineté de la Patrie (CNSP) a  mis en place une commission pour faire le travail.

Au Niger, après avoir décidé de fermer les bases militaires françaises et américaines, les autorités militaires s'attaquent aux rues, places publiques, avenues ou boulevards à l’honneur du général de Gaulle, Parfait-Louis Monteil ou autres personnalités françaises. 


Les autorités nigériennes comptent désormais tout rebaptiser pour valoriser et rendre hommage aux héros nationaux.
Pour cela, le professeur Issoufou Yahaya, historien et politologue, rappelle quelques principes de nominations des places publiques.

"Généralement, le baptême des différentes rues de la ville obéit à cette volonté d’immortaliser des personnages en reconnaissance de quelque chose. Ça peut être, pourquoi pas, Avenue du Niger en tant que fleuve, ou Avenue d’Agadez en tant que ville mais ça peut aussi être une avenue en l’honneur des différents Chefs d’Etat de la sous-région, du Burkina, du Mali et au-delà. Ça peut être aussi des personnages historiques. Ça peut tout autant être des symboles qui attestent de cette souveraineté retrouvée ou en quête d’être totalement recouvrée"
, renseigne-t-il.

Pour lui, le comité chargé de rebaptiser les rues doit travailler de telle sorte qu’il y ait une lecture d’une histoire nigérienne ou sahélienne, écrite par les Sahéliens. Il indique que cela doit se faire de telle sorte que dans 50 ans, dans 100 ans, tous ceux qui voudront lire l’histoire du Niger à un moment où il cherche ou il a cherché à acquérir profondément sa souveraineté et bien, cette histoire peut être traduite ainsi. 


Dans la population et la société civile nigérienne, c’est une décision qui rencontre une grande adhésion.

Ibrahim Namaiwa un acteur de la société civile, membre du Mouvement Nigérien pour la Promotion de la Citoyenneté Responsable (MPCR), ne comprend pas pourquoi le Niger doit continuer d’immortaliser les mémoires de héros que les populations ne connaissent même pas. Il salue la décision des autorités de tirer finalement un trait sur ce passé.  


"On ignore en quoi ils ont été héros, et même si on le savait, pourquoi c’est au Niger d’immortaliser leurs mémoires ? Pourquoi la France ne crée-t-elle pas des conditions pour leur aménager des espaces là-bas ou des édifices pour immortaliser leurs mémoires ? Quand vous cherchez la vraie histoire, vous allez vous rendre compte que l’acte posé par ces héros français, n’a pas été posé dans l’intérêt du peuple nigérien"
, estime-t-il.

Cette initiative des nouvelles autorités de Niamey s’inscrit dans le cadre des mesures du régime de transition visant à se départir de la tutelle des Occidentaux. Cette décision traduit la volonté affichée, de restaurer la dignité nationale et de redonner au pays une vraie souveraineté.


Par
Yasser Ulrich

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