ÉDITION:

Frontière Bénin - Niger: Malanville, ville morte !

La rédaction
17:4811/09/2023, الإثنين
Yeni Şafak

La ville béninoise frontalière avec le Niger est devenue depuis quelques semaines un gros village où déambulent quelques résidents en quête de repères. Malanville ou ville de malheur ?

Vendredi matin à Malanville. Habituellement, cette ville grouille de monde. C'est ici que les Nigériens font débarquer les sacs d'oignons sortis du sol au Niger. Et comme c'est vendredi, jour de prière musulmane, les Nigériens en parfaite harmonie avec les habitants de Malanville, à 95% au moins pratiquants de l'Islam, vont louer Allah, le miséricordieux dans les mosquées. Depuis des lustres, l'ambiance a toujours été conviviale entre les deux peuples.


Élément modificateur 


Au lendemain du putsch dirigé par le général Abdourahamane Tchiani pour renverser le président Mohamed Bazoum, le 26 juillet 2023, Malanville s'est vu asséner un grand coup de massue. La ville dort maintenant à 20h.


Le seul fait perceptible encore à l'œil nu est la file interminable de camions transportant des vivres et autres produits de première nécessité vers le Niger. Ces camions n'ont pu trouver de place dans l'enceinte du parc des véhicules en transit. Le parc est plein à craquer.

"Je ne sais plus comment faire. On s'en remet à Allah"
, nous confie un gestionnaire du parc qui a requis l'anonymat. Des milliers de camions sont en stationnement parce que la Conférence des Chefs d'État de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO) s'est réunie au lendemain du coup d'Etat du général Tchiani pour sanctionner le Niger.
Tous les pays de la CEDEAO partageant une frontière terrestre avec le Niger ont été instruits de fermer leurs frontières. 

Des crises...


Cette situation a rapidement changé la donne à Malanville. La ville dans laquelle le sourire est sur les lèvres de tous les habitants et au quotidien, est devenue une ville morte, presque fantôme. Les habitants qui tirent leur pitance quotidienne de la libre circulation des biens et personnes ont désormais les yeux rouges.


Moussa, la trentaine est marié et père de deux enfants. Il vit avec sa famille de ses activités de facilitation du passage des biens et marchandises des voyageurs. Depuis trois semaines, difficilement il arrive à nourrir sa famille. Toutes les activités sont à l'arrêt.


Lamine, lui aide les compagnies de transport du Niger qui viennent tous les jours au Bénin.
"Quoique les bus fassent un effort pour continuer à assurer le déplacement des voyageurs, il faut reconnaître que les activités ont sérieusement pris un coup avec la fermeture de la frontière"
, se désole-t-il.

La crise humanitaire s'installe peu à peu puisque les conducteurs de camions bloqués sont aujourd'hui sans un kopeck dans leur poche.
"Pour manger parfois, ce sont les amis et frères qui nous viennent en aide"
, lâche Abou le regard fuyant, essuyant les larmes qui coulent sur ses joues.

A cette crise humanitaire s'ajoute celle économique. Le stationnement des camions constitue des manques à gagner autant pour l'économie béninoise que nigérienne. Le port autonome de Cotonou est le port naturel du Niger. Depuis plusieurs semaines, les activités du port en direction du Niger sont à l'arrêt. 

Aujourd'hui, il est difficile au Bénin de s'approvisionner en gaz domestique. Des queues interminables se forment dans les stations-service. Les commerçants véreux du Bénin profitent de la situation pour spéculer autour du prix du gaz. L’oignon coûte désormais les yeux de la tête.


Les crises humanitaire et économique ne sont-elles pas des créneaux porteurs pour mieux installer l'extrémisme violent qui débouche sur le terrorisme ? L'occasion est propice pour les groupes terroristes qui sévissent déjà dans cette partie septentrionale du Bénin de faire du bon recrutement. La faim est l'extrême violence qui soit, en particulier lorsque les pays occidentaux tirent les ficelles de loin.


Romuald Vissoh


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