Crédit Vidéo : Guillaume Kéré / Nouvelle Aube
De nombreux Burkinabés donnent une place de choix à cet emblématique pagne tissé, le Faso Danfani, surtout depuis sa labellisation en 2019.
Le Faso Danfani, "Pagne tissé de la patrie" en dioula, l’une des langues parlées au Burkina, est désormais l’un des symboles de l’identité culturelle du pays. Depuis sa labellisation en 2019, cet emblématique pagne tissé a retrouvé une place de choix dans les habitudes vestimentaires des Burkinabés.
Le Faso Danfani, David Ouango l’a adopté dans son style vestimentaire. Pour les rendez-vous d’affaires du jeune entrepreneur et même dans la vie courante, le Faso Danfani s’impose.
Il explique avoir adopté ce tissu parce que c’est une production locale des tisseuses organisées en coopérative. M. Ouango estime, mettre le Faso Danfani, c’est pour lui, une manière de soutenir ces artisanes.
"Ma motivation est partie d’abord de là, mais aussi, à un moment donné, on a vu nos stylistes et nos couturiers avoir une certaine capacité à fournir de vrais vêtements dans un style assez moderne et on sent qu’il y a des modèles de tenues qui passent très bien avec le Faso Danfani"
, précise l’entrepreneur.
A l’instar de David Ouango, de nombreux Burkinabés donnent une place de choix à cet emblématique pagne tissé surtout depuis sa labellisation en 2019.
Dans l’atelier, de tissage de Julienne Kabore Ganemtore, plusieurs femmes travaillent à finir le tissage d'un Faso Danfani. Devant leur ''métier à tisser'', le dispositif artisanal utilisé par les tisserands, elles exécutent des gestes bien maîtrisés.
"Elle a fait le rentrage, elle a fait le piquage et elle est en train de tisser, pareil pour elle aussi"
, indique la patronne en indiquant le travail de l’une de ses ouvrières.
Julienne Kabore Ganemtore indique que la labélisation du Faso Danfani a vraiment fait du bien à l’activité.
"La façon de faire a vraiment évolué parce qu’avant, on faisait seulement des 'Traits-traits'. Maintenant, on peut faire ça avec plusieurs modèles, avec des dessins, avec des effets de trame. Il y a beaucoup de modèles quand même et on a amélioré ça avec d’autres couleurs"
, commente-t-elle.
Au fil des années, les gouvernements successifs ont pris des initiatives visant à mettre en lumière ce joyau culturel. Aujourd'hui encore, des mesures sont en cours pour promouvoir le Faso Danfani comme choix vestimentaire de premier plan des Burkinabés.
Salif Sanfo, un promoteur culturel salue les mesures prises par les dirigeants burkinabés pour faire du Faso Danfani, un tissu d’enjeu national.
"Vous avez déjà la loi sur le port du Faso Danfani à l’école. Vous avez les toges au niveau de l’enseignement supérieur, c’est tellement beau de voir que l’intelligentsia d’un pays porte fièrement du local. On a aussi cette incitation des autorités à porter du Faso Danfani lors des cérémonies officielles"
, rappelle M. Sanfo.
Plus de 12 mille tisseuses vivent du Faso Danfani qui est lui-même un produit du coton burkinabé. Le pagne tissé burkinabé, un art traditionnel du Faso a été popularisé par l’ancien président Thomas Sankara.
Il disait souvent que
"porter le Faso Danfani est un acte économique, culturel et politique de défi à l'impérialisme"
. Il a rendu obligatoire le port de ce pagne tissé dans les administrations.
Toutefois après l’assassinat du capitaine Sankara lors d’un coup d’Etat en 1987, le Faso Danfani est aussi tombé dans l’oubli. Il a fallu le soulèvement populaire qui a chassé Blaise Compaoré du pouvoir en octobre 2014 pour que le Faso Danfani retrouve ses lettres de noblesse avec comme principal ambassadeur l’ancien président Roch Marc Christian Kaboré. Lors de ses apparitions publiques, il portait fièrement
"le pagne tissé de la patrie"
. C’est d’ailleurs sous son régime que le Faso Danfani a été labélisé
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