Crédit Vidéo : Guillaume Kere / Nouvelle Aube
Au Burkina Faso, la mission du Wemba est d’apporter la paix et la cohésion entre communautés par les mécanismes de médiation coutumière.
Dans le quartier de Wemtenga à Ouagadougou, sa maison ne désemplit pas. Les populations viennent y soumettre leurs problèmes, souvent des conflits de voisinage. Le Wemba Ligdi, chef coutumier de grande réputation, est chargé de veiller à la cohésion sociale. Une mission que ses ancêtres assumaient depuis le 13e siècle. À la découverte d’un ambassadeur de la paix au cœur de la capitale burkinabè.
Ce samedi, c’est jour de conseil au palais du Wemba Ligdi. Les sages se retrouvent pour prendre connaissance des affaires sur la table du chef depuis quelques jours. Pour présider la séance, le Wemba Ligdi assis sur un imposant siège paré des attributs de la chefferie. Il est habillé d’un grand boubou traditionnel coiffé d’un bonnet typique des chefs coutumiers Mossi.
Intronisé depuis 2002, l’octogénaire, ancien cuisinier à la présidence du Burkina perpétue une tradition vieille de plusieurs siècles. Le Wemba est présenté comme le médiateur traditionnel du Moogho Naaba, le roi des Mossi, communauté majoritaire au Burkina Faso.
La mission du Wemba est d’apporter la paix et la cohésion entre communautés par les mécanismes de médiation coutumière.
Selon Sandaogo Henri KABORE, jeune frère du chef, il faut situer l’histoire du Wemba au 13e siècle. C’était sous le règne du Moogho Naaba Oubri, le fondateur du royaume Mossi de Ouagadougou. C’est ce souverain qui a instauré la dynastie des Wemba.
Le tout premier a assumé cette charge est une femme. Il s’agit du Wemba Poko, fille du Moogho Naaba Oubri.
Avec leur expérience séculaire, les talents de médiateurs des Wemba vont au-delà de leur quartier de Wemtenga. Parfois, les services du Wemba Ligdi sont sollicités pour résoudre des situations toujours tendues même après des décisions de justice.
Comme l’explique M. Kabore, les Wemba ont été invités à faire des médiations dans des situations où la justice a tranché et la mise en application de la décision pose problème.
Depuis des siècles, la chefferie des Wemba de Wemtenga remplit pleinement sa mission de médiation dans le royaume Mossi de Ouagadougou. Dans la tradition, les enfants du chef sont aussi investis de cette mission mais même les Wemba ont des limites. Selon Sandaogo Henri Kabore, le jeune frère du chef, les Wemba ne s’impliquent dans les affaires d’inceste ou d’adultère.
"Tu as vu la femme, tu l’as adorée, tu as eu envie et tu as pris ton courage pour aller commettre l’adultère. Dans ces cas, nous refusons de faire la médiation"
, explique-t-il.
Aujourd'hui, le Wemba veut donner un caractère plus officiel à son savoir-faire séculaire en mettant en place une instance de médiation culturelle et sociale. Pour cela, il a été créé l'association Wemb Doogo, dirigée par Sandaogo Henri Kabore, qui mène la réflexion.