Crédit Photo : Viken KANTARCI / AFP
Une vue aérienne capturée depuis un hélicoptère montre des montagnes enneigées et une rivière dans une vallée de l'archipel norvégien arctique du Svalbard, au nord de la Norvège, le 13 septembre 2023.
La Norvège bloque la vente d'un terrain au Svalbard pour prévenir une acquisition étrangère, notamment par la Chine, sur cet archipel stratégique de l'Arctique.
Depuis plusieurs mois, le domaine de Søre Fagerfjord – un territoire de plus de 60 km2 composé de plaines et de montagnes isolées – était mis en vente pour environ 300 millions d'euros. Situé à mi-chemin entre la Norvège continentale et le pôle Nord, cet archipel voit sa valeur géopolitique et économique croître, notamment avec les tensions entre la Russie et l'Occident et le recul de la banquise.
L'avocat Per Kyllingstad, représentant des vendeurs, présente ce terrain comme une opportunité unique, déclarant qu'il s'agit du
"dernier terrain privé au Svalbard et, à notre connaissance, dans tout le Grand Nord".
Il a affirmé avoir reçu des
"marques d'intérêt concrètes"
de la part de potentiels acquéreurs chinois, ce qui a motivé l'intervention de l'État norvégien souhaitant renforcer sa souveraineté sur le territoire.
L'État invoque désormais la loi sur la sécurité nationale pour exiger que toute vente, voire toute ouverture de négociations en ce sens, soit soumise à son approbation préalable.
"Les propriétaires actuels de Søre Fagerfjord (...) sont ouverts à la vente à des acteurs qui pourraient défier la législation norvégienne au Svalbard"
, a déclaré la ministre du Commerce, de l'Industrie et de la Pêche, Cecilie Myrseth, dans un communiqué, soulignant que cela pourrait
"perturber la stabilité dans la région et potentiellement menacer les intérêts norvégiens".
Me Kyllingstad n'a pas immédiatement réagi à cette annonce. Selon les médias norvégiens, le vendeur est une société contrôlée par une Russe naturalisée norvégienne.
Les observateurs doutent de la possibilité d'une vente pour 300 millions d'euros: situé dans le Sud-Ouest de l'archipel, loin de toute infrastructure, le terrain se trouve dans un parc national où toute construction et tout déplacement motorisé sont interdits, ce qui le prive de toute valeur commerciale.
Grand comme deux fois la Belgique, le Svalbard est régi par des dispositions juridiques spécifiques qui ouvrent la voie aux intérêts étrangers. Un traité de 1920 reconnaît la souveraineté norvégienne tout en permettant aux ressortissants des parties signataires, dont la Chine, d'exploiter les ressources naturelles
"sur un pied d'égalité parfaite".
C'est ainsi que la Russie possède plusieurs emprises où sa compagnie d'État Trust Arktikugol exploite des filons de charbon.
En 2016, le gouvernement norvégien avait déboursé 33,5 millions d'euros pour acheter près de Longyearbyen, la principale localité de l'archipel, l'avant-dernier terrain encore privé au Svalbard, suscitant déjà l'intérêt d'investisseurs chinois.
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