Les céréaliers de l'UE réclament que les restrictions que Bruxelles a proposé d'instaurer pour les produits "sensibles", un "frein d'urgence" pour limiter le volume des importations aux niveaux moyens observés en 2022 et 2023, soient également appliquées aux blé, maïs et orges ukrainiens.
Les céréaliers français, qui veulent voir réinstaurer des droits de douane pour les céréales importées d'Ukraine dans l'Union européenne, estiment "inévitable" que la mobilisation des agriculteurs reprenne dans la rue sans changement, à la veille d'un vote sur le sujet au Parlement européen.
Eric Thirouin, président de l'Association générale des producteurs de blé et autres céréales (AGPB), a déclaré mardi soir à l'AFP:
Les céréaliers ne comprennent pas que le discours du plus haut niveau de l'État, du président de la République comme du Premier ministre, ne soient pas suivis d'effets.
"Je suis interpellé tous les jours par les agriculteurs sur leur envie d'en découdre à nouveau, par rapport aux incohérences entre les annonces et la réalité. Rien n'est exclu"
, a-t-il prévenu, jugeant que
"si rien ne se passe, il paraît inévitable"
que la mobilisation reprenne dans la rue.
Pour tenter de répondre à la colère des agriculteurs, Bruxelles a proposé fin janvier d'instaurer pour les produits
"sensibles"
- volaille, œufs et sucre -, un
"frein d'urgence"
pour limiter le volume des importations aux niveaux moyens observés en 2022 et 2023, niveaux au-delà desquels des droits de douane seraient réimposés.
Ces mesures de restriction, déjà approuvées par les Vingt-Sept, doivent faire l'objet d'un vote mercredi au Parlement européen.
Les céréaliers de l'UE réclament que ces restrictions soient également appliquées aux blé, maïs et orges ukrainiens.
En France, premier producteur de céréales de l'UE, les producteurs rappellent que début février, Emmanuel Macron a affirmé que ces mécanismes seraient étendus aux céréales. Ce
"mécanisme de sauvegarde renforcé"
va permettre une
"intervention"
en cas de déstabilisation des cours au sein de l'UE, avec des droits de douane au-delà de certains
"plafonds"
, a dit M. Macron.
Eric Thirouin déplore que rien n'ait changé depuis ces déclarations.
"On a aujourd'hui un prix du blé, au départ de l'exploitation agricole, à 155 euros la tonne. Comparé à un prix de revient entre 220 et 240 euros la tonne, on voit que la perte est considérable, de l'ordre de 420 euros par hectare, soit 42.000 euros pour 100 hectares"
, a-t-il affirmé.
S'il juge nécessaire de maintenir une
"solidarité
" avec l'Ukraine en guerre, il souligne que la cadence des exportations ukrainiennes vers l'UE est désormais insoutenable pour les agriculteurs.
"En blé tendre, entre décembre et janvier, l'Ukraine a exporté vers l'Europe plus d'un million de tonnes. Un million de tonne, cela correspondait avant la guerre, au quota annuel d'exportations vers l'UE avant l'application de droits de douanes - de 98 euros la tonne",
relève-t-il.
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