Des sources tchadiennes, citées par la presse française, évoquent notamment un épisode survenu en octobre dernier, lorsque l'armée française aurait refusé de fournir un appui aérien ou des renseignements face à une attaque majeure du groupe terroriste Boko Haram contre une base tchadienne dans la région du Lac Tchad. Cette absence de coopération aurait provoqué une "profonde frustration".
Lors de la visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, la semaine dernière, la situation se serait envenimée. Ce dernier aurait insisté sur la nécessité pour le Tchad de demeurer "neutre" dans les conflits régionaux.
Une demande qui aurait été perçue comme une ingérence par N'Djamena, d'autant que le ministre français aurait également plaidé pour un report des élections législatives et locales prévues en décembre, selon la presse française.
Le président tchadien, qui avait exprimé sa colère face à ce qu'il considère comme un manque de respect de la souveraineté de son pays, a par la suite justifié cette décision en la qualifiant d'"acte souverain" et de réponse à l'obsolescence d'un accord qui "ne correspond plus aux réalités géopolitiques actuelles".
Lors d'un point de presse, il a également dénoncé une "absence de réciprocité" dans les engagements franco-tchadiens.
Pour la France, qui réduit progressivement sa présence militaire en Afrique francophone, cette rupture s'inscrit dans un contexte de pertes d'influence. Après le départ de ses troupes du Mali, du Burkina Faso et du Niger, Paris voit son dernier ancrage stratégique au Sahel remis en question.
Néanmoins, le porte-parole du Quai d'Orsay, Christophe Lemoine, a assuré que Paris entend "poursuivre le dialogue" avec le Tchad pour clarifier les modalités de retrait des forces françaises, sans pour autant annoncer de calendrier précis.
Cette décision tchadienne intervient également alors que le Sénégal a demandé la fermeture des bases militaires françaises sur son sol, invoquant des raisons similaires de souveraineté.
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