Les dossiers judiciaires empilés contre l’opposant, emprisonné depuis le 28 juillet, sous-tendus par la perception publique d’une instrumentalisation de la justice pour éliminer le principal opposant (devenu une habitude sous Macky Sall), ont donné lieu a des scènes d’émeutes d’une rare violence dans l’histoire de ce pays, pourtant jadis, perçu comme un îlot de démocratie et de stabilité politique en Afrique de l’Ouest. Envisager un troisième mandat dans cette atmosphère serait la goutte de trop, même du goût de la France, perçue comme le plus grand allié de Sall et qui, selon l'ancien directeur de la DGSE (Direction Générale de la Sécurité Extérieure) Alain Juillet, a demandé à son "partenaire" d’oublier ce mandat de plus et de céder le fauteuil à Amadou Ba (malgré toute l’impopularité de celui-ci). Derrière les tractations diplomatiques majeures autour des émeutes, la presse sénégalaise a rapporté aussi les interventions d’un certain Barack Obama, pour que Sall oublie son objectif.
Sonko, devenu l’un des nouveaux visages de l’anti-impérialisme et du panafricanisme, a des ambitions qui font vibrer autant Dakar que Paris. L’ancien inspecteur des impôts, dont les Live Facebook nocturnes ont réussi à ressembler une bonne partie de la population sénégalaise autour d’un "Projet", a réussi à dépecer de tout mystère un système oligarchique et néocolonialiste.
Il ne se passe pas un jour ou la presse alimentaire sénégalaise et française n’assure un service après vente des tentatives de décrédibilisation de l’opposant sénégalais, alors que les dossiers judiciaires, longue saga pour sa candidature, n’ont réussi jusque-là qu’à renforcer la popularité hallucinante du Maire de Ziguinchor. Sa piété musulmane est même indexée par certains: décrit comme un homme incorruptible après 15 ans passés aux impôts et domaine, d’une intégrité sans faille et d’une piété musulmane apparente même dans ses discours (entre passages coraniques et Hadiths), la dernière machination médiatique trouvée par Paris (voir archives du Canard Enchaîné) et ses acolytes, contre lui, voudrait en faire un élément "salafiste" proche des Frères musulmans et financés par le Qatar.
Aujourd’hui, même si Ousmane Sonko est loin de pouvoir participer à l’élection présidentielle, son "projet" reste le favori pour la remporter. Une autre candidature sortie de PASTEF, comme celle de Bassirou Diomaye Faye, lui aussi en prison depuis plus de huit mois, devrait prendre le témoin sous le coaching de Sonko, pour signer ce que beaucoup de sénégalais perçoivent comme leur "révolution". Car, c’est de ça qu’il s’agit en fait pour la France. Si le Burkina Faso, le Niger et le Mali sont en train de faire leur révolution via des putschs militaires, le peuple sénégalais veut lui rester fidèle à sa longue tradition démocratique et accomplir la sienne via les urnes, même si la transparence des élections est devenue chimérique depuis la venue du Président Macky Sall au pouvoir.
Le virement stratégique de la bande à Assimi Goita qui s’est tournée vers de nouveaux partenaires comme la Russie ou l’Iran, pourrait bien faire tâche d’huile davantage dans la sous-région. Alors que les intérêts occidentaux sont extrêmement présents sur le pétrole et le gaz sénégalais, voir le Sénégal prendre éventuellement cette trajectoire sahélienne ne semble pas vraiment plaire autant à l’Union Européenne, qu’aux Etats-Unis. Tous ces enjeux d’influence politique mais aussi économique viennent s’inviter à une élection présidentielle sénégalaise qui risque de définir à jamais l’avenir géopolitique de tout un pays. Mais la bipolarisation de la scène politique sénégalaise et la perte de popularité du régime en place, font que tout se jouera autour de la stratégie d’un seul homme : Ousmane Sonko !