Mis en examen pour homicides et blessures involontaires, mise en danger par violation manifestement délibérée d'une obligation de prudence ou de sécurité, elles avaient été placées en garde à vue le jour du drame.
Deux d'entre-elles - de nationalité irakienne et nées en 1980 - sont
"soupçonnées de faire partie de la filière d'immigration clandestine ayant organisé le transport de migrants",
a précisé le parquet de Paris.
Les deux autres - de nationalité soudanaise et nées en 1994 et 2006 -
"d'avoir participé activement au transport des passagers dans des conditions dangereuses, en contrepartie d'un tarif privilégié sur leur propre passage"
, a ajouté le ministère public.
Ces quatre personnes ont été mises en examen pour homicides et blessures involontaires par violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence, aide au séjour irrégulier en bande organisée, et association de malfaiteurs en vue de commettre ce délit.
Elles ont été placées en détention provisoire, a précisé la source judiciaire peu après minuit.
Les investigations, menées sous la direction de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée et confiées depuis mercredi à deux juges d'instruction, ont
"à ce stade permis d'établir que l'embarcation de fortune avait subi une avarie moteur"
, a expliqué le parquet.
Le canot s'est
avec des passagers
dépourvus de gilets de sauvetage.
Les 38 rescapés dans les eaux françaises ont été auditionnés, a précisé le parquet. Une demande d'entraide pénale internationale a
aux autorités britanniques pour que soient auditionnées les 23 personnes secourues côté anglais.
Les recherches pour retrouver un potentiel disparu se sont poursuivies mercredi, après une consolidation du bilan des victimes, certains rescapés faisant état de 65 personnes à bord, d'autres de 66.
Malgré ce nouveau naufrage, le plus meurtrier depuis celui survenu en novembre 2021 au cours duquel au moins 27 migrants ont perdu la vie, les tentatives de traversées s'étaient poursuivies dans la nuit de mardi à mercredi.
Jusqu'à la mi-journée, une dizaine d'embarcations ont été vues en mer, par météo calme, dont une a été secourue et ramenée côté français avec une vingtaine de personnes à bord, a indiqué une porte-parole de la préfecture maritime.
Sur les côtes anglaises, un photographe de l'AFP a constaté l'arrivée de dizaines de migrants, dont de nombreux enfants et une femme enceinte.
"Secours immédiatement déclenchés"
Samedi,
"les secours ont immédiatement été déclenchés"
après avoir été prévenus, a souligné le parquet.
L'alerte a été donnée vers 4h20 du matin par un navire de commerce qui a contacté le Centre régional de surveillance et de sauvetage (Cross). Plusieurs navires se sont ensuite rendus sur zone.
Un hélicoptère et un avion de surveillance maritime, entre autres, ont également été mobilisés.
Au contraire, lors du naufrage de novembre 2021, les autorités françaises sont soupçonnées d'avoir été appelées à l'aide à une quinzaine de reprises et de ne pas avoir porté secours aux personnes migrantes, âgées de 7 à 46 ans. Sept militaires ont été mis en examen pour non-assistance à personne en danger.
Ce naufrage avait engendré une montée de tension entre Paris et Londres et le renforcement des mesures de sauvetage et de lutte contre ce trafic migratoire.
D'après un décompte effectué par l'AFP, plus de 100.000 migrants ont traversé la Manche depuis le développement du phénomène des "small boats", en 2018, en réponse au verrouillage du port de Calais et du tunnel sous la Manche.
Depuis début 2023, environ 17.000 migrants sont arrivés dans le sud de l'Angleterre à bord de ces bateaux, souvent de simples pneumatiques.