Moscou a mis en garde samedi l'Europe en affirmant que la décision de Washington de déployer en Allemagne des missiles américains à longue portée risquait avant tout d'exposer les populations du continent, dont les capitales deviendraient à leur tour des cibles pour la Russie.
L'annonce a été dénoncée par le Kremlin comme une forme de retour à la "Guerre froide", en référence à la confrontation entre l'URSS et les États-Unis marquée notamment par la crise des Euromissiles à la fin des années 1970 et dans les années 1980, provoquée par le déploiement soviétique puis américain de missiles à capacité nucléaire en Europe.
La crise s'était achevée avec la signature du traité sur les Forces nucléaires intermédiaires (FNI ou INF) qui bannissait les missiles balistiques et de croisière lancés du sol d'une portée allant de moins de 500 à 5 500 kilomètres.
Mais ce traité s'est effondré après le retrait des États-Unis en 2019, accusant à plusieurs reprises Moscou de ne pas le respecter, notamment avec son missile 9M729, tiré par les systèmes Iskander. La Russie avait alors assuré qu'elle observerait un moratoire sur la production de tels engins si les États-Unis n'en déployaient pas à une distance leur permettant d'atteindre son territoire.
Le déploiement des équipements américains annoncé mercredi contreviendrait au traité FNI s'il était encore en vigueur.
Les relations entre la Russie et l'Otan se sont profondément détériorées depuis le début de l'offensive russe en 2022 en Ukraine, pays soutenu par les membres de l'Alliance atlantique.
Les pays occidentaux ont adopté de sévères sanctions économiques contre la Russie, qui s'est rapprochée de la Chine, grand rival des États-Unis sur la scène mondiale, et même de la Corée du Nord.
Les autorités européennes accusent également la Russie de mener une guerre hybride à leur encontre, employant un large éventail de vecteurs, des attaques informationnelles à l'espionnage, afin notamment d'accentuer les divisions et les lignes de fracture des sociétés européennes.
M. Peskov a estimé que la situation provoquée par les déploiements de missiles pourrait fragiliser l'Europe, de la même manière que la Guerre froide s'était conclue avec l'effondrement de l'URSS en 1991.