Duel au sommet aux législatives mercredi en Croatie, et original: le président de gauche aux accents populistes Zoran Milanovic s'est porté candidat tout en restant en fonction pour affronter son Premier ministre conservateur Andrej Plenkovic.
Jusqu'en mars, la victoire de M. Plenkovic et de son parti, l'Union démocratique croate (HDZ), semblait assurée, malgré un bilan mitigé, un manque chronique de main-d'œuvre, un taux d'inflation parmi les plus hauts de la zone euro, une immigration illégale continue et des accusations de corruption en cascade.
C'était sans compter le coup de théâtre du chef de l'État, candidat surprise du principal parti d'opposition, le SDP (social-démocrate).
La Cour constitutionnelle a beau avoir tranché que cette candidature ne respectait pas la loi, et intimé au président de démissionner avant de faire campagne, ce dernier est resté en poste. Et en campagne.
Un vote tout à fait prévisible s'est transformé en une bataille incertaine.
La campagne est depuis marquée par les échanges d'insultes entre ces deux diplomates de carrière, connus pour leur longue animosité politique mais aussi personnelle.
"Salut national"
De quoi séduire une partie des électeurs.
Personnalité politique préférée des Croates, le président a donné de l'élan au SDP - qui selon les derniers sondage reste 10 points derrière le HDZ, avec 20% des intentions de vote.
En 3e position, le Mouvement patriotique, parti de droite nationaliste fondé en 2020 et qui est entré au Parlement en 2020, pourrait devenir faiseur de roi.
Trois des 151 députés du Parlement croate sont élus par la diaspora, qui généralement vote pour le HDZ. Dans un scrutin qui s'annonce serré, ces trois sièges deviennent plus importants. Par ailleurs, huit sièges sont réservés aux représentants des minorités.
Corruption
Par delà les éruptions de son candidat, le SDP - qui s'est allié à cinq petits partis de gauche et libéraux dans une coalition baptisée Rivières de Justice, a fait campagne sur la lutte contre la corruption, et pour une hausse des salaires et des retraites.
Peu avant le scrutin, le leader du SDP, Pedja Grbin, a fustigé:
La corruption a enchaîné la Croatie au point que rien ne peut plus être fait si l'on ne connaît pas la bonne personne, si l'on n'a pas de relations ou une carte au parti.
Dans ce pays qui a rejoint l'Union européenne en 2013, et où plusieurs ministres du gouvernement Plenkovic ont dû démissionner, éclaboussés par des accusations de corruption, le message résonne.
Le pays fait aussi face à un effondrement démographique et une pénurie chronique de main-d'œuvre, notamment dans son industrie clé du tourisme, le long de la magnifique côte Adriatique. La population vieillit, et environ 300.000 personnes sont parties chercher une vie meilleure à l'étranger depuis que la Croatie a rejoint l'UE.
Mais avec un salaire mensuel moyen de 1.240 euros et un produit intérieur brut (PIB) représentant 76% de la moyenne de l'UE, la Croatie reste parmi les membres les plus pauvres de l'Union.