L'annulation surprise, annoncée par M. Sall, de l'élection du 25 février puis la décision du Parlement de l'ajourner au 15 décembre, a provoqué l'une des plus graves crises politiques depuis des décennies dans ce pays réputé pour sa stabilité dans une région marquée par la multiplication des coups d'Etat.
M. Sall avait indiqué la semaine passée qu'il aviserait sur les conséquences qu'il tirerait d'une éventuelle invalidation du report par la juridiction.
Le mandat du président Macky Sall expire officiellement le 2 avril. Élu en 2012 et réélu en 2019, le chef de l'Etat a donné sa parole qu'il ne se représenterait pas pour un troisième mandat.
Macky Sall a dit vouloir une élection incontestable, s'inquiétant du risque de nouveaux accès de violence après ceux de 2021 et 2023.
Les manifestations contre le report de la présidentielle, interdites par les autorités, ont été réprimées et tout rassemblement a été empêché par des forces de sécurité déployées massivement et tirant du gaz lacrymogène. Trois jeunes hommes ont été tués et des dizaines d'autres ont été arrêtés depuis le début de la mobilisation.
Selon une liste diffusée par un collectif de familles de détenus et un autre avocat qui suit ces dossiers, plusieurs figures du mouvement de contestation contre Macky Sall, également soutiens de la figure de l'opposition Ousmane Sonko, ont été relâchées.
En revanche, ni Ousmane Sonko, ni son second à la tête du parti Pastef, Bassirou Diomaye Faye, l'un des favoris du scrutin présidentiel, n'ont été libérés.
Plusieurs centaines de membres de l'opposition, plus d'un millier selon certaines organisations de défense des droits humains, ont été arrêtées depuis 2021 et la lutte de pouvoir qui oppose M. Sonko, mis en cause dans plusieurs procédures judiciaires, au chef de l'Etat.
L'opposition a accusé le camp présidentiel de s'arranger avec le calendrier électoral par crainte de la défaite de son candidat, le Premier ministre Amadou Ba. Elle suspecte une manœuvre pour que M. Sall reste au pouvoir, même si ce dernier le réfute.