Crédit Photo : Alfredo ZUNIGA / AFP
Les partisans du principal leader de l'opposition mozambicaine, Venancio Mondlane, célèbrent à Maputo le 9 janvier 2025, après le retour de Mandlane au Mozambique.
Le Parlement issu des élections contestées du 9 octobre au Mozambique doit siéger pour la première fois lundi, alors que le principal opposant, Venancio Mondlane, a appelé à de nouvelles manifestations pour dénoncer ce qu'il considère comme une élection "volée".
Après des mois de manifestations violentes, le Frelimo, qui dirige le pays lusophone d'Afrique australe depuis son indépendance il y a un demi-siècle, espérait une accalmie cette semaine avec l'installation du Parlement lundi, suivie de l'investiture mercredi de Daniel Chapo à la tête de l'État.
Mais
comme l'appelle la rue, ne désarme pas. Il appelle à une mobilisation
pour refuser une nouvelle fois des résultats électoraux qu'il estime biaisés par des institutions électorales et judiciaires trop proches du pouvoir.
Selon son propre décompte, il aurait obtenu 53 % des voix à la présidentielle et se proclame
"président élu du peuple mozambicain".
Les résultats confirmés avant Noël par la plus haute cour du pays indiquent la répartition suivante au Parlement: 171 sièges pour le Frelimo, 43 pour Podemos, petit parti devenu la première formation d'opposition, 28 pour la Renamo, parti d'opposition historique issu de la guerre civile, et 8 pour le MDM (opposition).
Les nouveaux parlementaires prêteront serment lors d'une cérémonie présidée par le président sortant, Filipe Nyusi, prévue à 10h00 (08h00 GMT).
La Renamo et le MDM ont annoncé ce week-end qu'ils ne prendraient pas leurs sièges.
Pour la Renamo, cette cérémonie
"constitue un outrage social et un manque de respect à l'égard de la volonté des Mozambicains"
, privés d'élections
"libres, équitables et transparentes".
Le parti a déclaré dimanche, par la voix de son porte-parole Marcial Macome, qu'il n'y participerait pas.
Le Frelimo a indiqué dans un communiqué que le nom de Margarida Talapa, actuelle ministre du Travail, âgée de 62 ans, serait proposé pour la présidence de l'Assemblée.
Venancio Mondlane, ancien parlementaire et chroniqueur télé de 50 ans, est rentré au Mozambique jeudi après deux mois et demi d'exil dans un lieu tenu secret. Il craignait pour sa sécurité après l'assassinat de deux de ses proches en octobre.
Des milliers de partisans dans la capitale, Maputo, ont célébré son retour, mais ces manifestations de joie se sont rapidement transformées en affrontements avec la police anti-émeutes, causant plusieurs morts.
Depuis octobre, les violences post-électorales, qui ont évolué vers une contestation plus globale du pouvoir et des dysfonctionnements de l'État dans ce pays pauvre et fortement inégalitaire, ont fait quelque 300 morts, selon une ONG mozambicaine.
Ces troubles pèsent sur l'économie, perturbant notamment les échanges avec l'Afrique du Sud voisine, affectant le ravitaillement en essence, les transports et l'industrie.
"Ces trois jours sont importants pour décider ce que le peuple veut pour son avenir",
a affirmé tard samedi l'opposant, très suivi sur les réseaux sociaux.
"Nous devons déclarer une grève nationale"
et
"paralyser les activités pendant ces trois jours".
"Lundi, nous devons brandir nos pancartes partout où nous nous trouvons pour manifester notre refus. Si l'Assemblée prête serment, c'est une trahison de la volonté du peuple",
a-t-il ajouté.
"Manifestons contre l'investiture de ceux qui ont trahi la volonté du peuple lundi et contre ceux qui ont volé la volonté du peuple mercredi"
, a-t-il martelé.
Venancio Mondlane, qui s'était présenté à l'élection présidentielle sous l'étiquette du parti Podemos, s'est montré ouvert au dialogue.
À son arrivée à l'aéroport de Maputo jeudi, vêtu d'un costume chic, portant des lunettes noires et un collier de fleurs blanches autour du cou, il a déclaré face aux caméras de télévision:
"Je suis donc ici, en chair et en os, pour dire que si vous voulez négocier (...), je suis là".
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