ÉDITION:

L'Allemagne va tailler dans ses dépenses pour sortir de l'impasse budgétaire

15:5513/12/2023, mercredi
MAJ: 13/12/2023, mercredi
AFP
Le chancelier allemand, Olaf Scholz
Crédit Photo : Tobias SCHWARZ / AFP
Le chancelier allemand, Olaf Scholz

Le chancelier allemand et sa coalition sont parvenus à un accord de dernière minute pour résoudre, via des coupes de dépenses, un casse-tête budgétaire qui a remis en cause les projets du gouvernement et provoqué une crise politique.

Le compromis trouvé, annoncé mercredi après d'âpres négociations, va permettre à l'Allemagne de respecter à nouveau l'an prochain sa règle de stricte limitation du déficit public.


La majorité gouvernementale a opté pour des baisses de dépenses publiques afin de combler un trou budgétaire de 17 milliards d'euros en 2024.

"Nous devons nous contenter de beaucoup moins d'argent"
, a souligné le chancelier Olaf Scholz en présentant l'accord, expliquant qu'il avait fallu
"établir des priorités".

La Cour constitutionnelle allemande a déclenché un séisme financier le mois dernier en censurant le recours à des fonds spéciaux, obligeant le gouvernement à revoir ses budgets 2023 et 2024.

La plus haute juridiction du pays a ainsi annulé le transfert de 60 milliards d'euros de crédits inutilisés provenant de la pandémie, dans une enveloppe dédiée à des investissements verts et un soutien à l'industrie.


Elle estime que le gouvernement a enfreint les strictes règles budgétaires du pays en réaffectant ces dépenses.


Réunions nocturnes


Cette décision a provoqué la zizanie entre les trois partis de la coalition, déjà au plus bas dans les sondages et conduit des voix dans l'opposition à réclamer des élections anticipées.


Le parti social-démocrate du chancelier et les écologistes souhaitaient résoudre le casse-tête budgétaire en suspendant pour une année supplémentaire le frein à l'endettement qui interdit au gouvernement d'emprunter plus de 0,35% de son PIB chaque année.


Le parti libéral (centre-droit) du ministre des Finances Christian Lindner était farouchement opposé à toute nouvelle exception à cette règle symbole de l'orthodoxie budgétaire allemande.


La coalition tripartite s'est finalement entendue pour couvrir ses besoins financiers en supprimant des subventions nuisibles au climat, en réduisant les dépenses de certains ministères et en diminuant des subventions publiques, notamment pour soutenir le développement de l'industrie photovoltaïque.


Le gouvernement va également augmenter plus que prévu, en début d'année prochaine, une taxe liée aux émissions de CO2.

"Il s'agit de coupes et d'économies que nous ne faisons pas volontiers mais qui sont nécessaires pour que nous puissions atteindre les objectifs avec l'argent dont nous disposons"
, a commenté M. Scholz

Cette crise dans la première économie européenne, déjà en proie à une remise en cause de son modèle industriel, suscite l'inquiétude dans le monde économique mais aussi chez les partenaires européens de l'Allemagne en pleines négociations sur la réforme des règles budgétaires au sein de l'UE.


Elle a plombé pendant un mois la marche du gouvernement qui a enchaîné les réunions de crise nocturnes.


Défiance


Pour le budget 2023, également retoqué par les juges constitutionnels, Berlin a dû se résoudre à suspendre de nouveau, pour la quatrième année consécutive, le frein à l'endettement en arguant d'une
"situation d'urgence"
, seule base légale pour contourner la règle.

Un budget rectificatif a été adopté la semaine dernière qui invoque la forte inflation et les coûts énergétiques élevés liés à l'invasion russe de l'Ukraine.


Le compromis trouvé pour l'an prochain ne résout rien pour les années à venir puisque le fonds pour la transformation et le climat prévoyait des dépenses à long terme, jugées nécessaires pour que le pays puisse mener à bien sa transition énergétique.


La situation est d'autant plus délicate que l'activité économique allemande est au ralenti. Le pays est attendu en récession cette année, avec une chute de 0,4% de son PIB.

"La crise budgétaire actuelle aggrave la situation et plongera l'Allemagne dans une nouvelle année de récession"
en 2024, est allé jusqu'à prévoir mercredi l'institut économique allemand IW.

Sur le plan politique, les déconvenues budgétaires ne font qu'amplifier le climat de défiance d'une partie croissante de l'opinion envers le gouvernement, qui vient seulement de passer le cap du mi-mandat.


Le soutien de l'opinion pour les partis de gouvernement ne cesse de fondre, au profit des conservateurs et du parti d'extrême droite AfD.


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