Le compromis trouvé, annoncé mercredi après d'âpres négociations, va permettre à l'Allemagne de respecter à nouveau l'an prochain sa règle de stricte limitation du déficit public.
La plus haute juridiction du pays a ainsi annulé le transfert de 60 milliards d'euros de crédits inutilisés provenant de la pandémie, dans une enveloppe dédiée à des investissements verts et un soutien à l'industrie.
Elle estime que le gouvernement a enfreint les strictes règles budgétaires du pays en réaffectant ces dépenses.
Cette décision a provoqué la zizanie entre les trois partis de la coalition, déjà au plus bas dans les sondages et conduit des voix dans l'opposition à réclamer des élections anticipées.
Le parti social-démocrate du chancelier et les écologistes souhaitaient résoudre le casse-tête budgétaire en suspendant pour une année supplémentaire le frein à l'endettement qui interdit au gouvernement d'emprunter plus de 0,35% de son PIB chaque année.
Le parti libéral (centre-droit) du ministre des Finances Christian Lindner était farouchement opposé à toute nouvelle exception à cette règle symbole de l'orthodoxie budgétaire allemande.
La coalition tripartite s'est finalement entendue pour couvrir ses besoins financiers en supprimant des subventions nuisibles au climat, en réduisant les dépenses de certains ministères et en diminuant des subventions publiques, notamment pour soutenir le développement de l'industrie photovoltaïque.
Cette crise dans la première économie européenne, déjà en proie à une remise en cause de son modèle industriel, suscite l'inquiétude dans le monde économique mais aussi chez les partenaires européens de l'Allemagne en pleines négociations sur la réforme des règles budgétaires au sein de l'UE.
Elle a plombé pendant un mois la marche du gouvernement qui a enchaîné les réunions de crise nocturnes.
Un budget rectificatif a été adopté la semaine dernière qui invoque la forte inflation et les coûts énergétiques élevés liés à l'invasion russe de l'Ukraine.
Le compromis trouvé pour l'an prochain ne résout rien pour les années à venir puisque le fonds pour la transformation et le climat prévoyait des dépenses à long terme, jugées nécessaires pour que le pays puisse mener à bien sa transition énergétique.
Sur le plan politique, les déconvenues budgétaires ne font qu'amplifier le climat de défiance d'une partie croissante de l'opinion envers le gouvernement, qui vient seulement de passer le cap du mi-mandat.
Le soutien de l'opinion pour les partis de gouvernement ne cesse de fondre, au profit des conservateurs et du parti d'extrême droite AfD.