Suspendu déjà entre 2020 et 2022 en raison de la pandémie de Covid, ce frein à l'endettement devait de nouveau être respecté cette année. Ce ne sera plus le cas.
Berlin doit faire face à une profonde crise provoquée par un arrêt retentissant de la Cour constitutionnelle la semaine dernière.
La plus haute juridiction du pays a annulé le transfert de 60 milliards d'euros de crédits inutilisés - provenant notamment d'un fonds lié à la pandémie de Covid-19 - dans un programme dédié à des investissements verts et un soutien à l'industrie.
Cette décision a plongé la coalition gouvernementale du chancelier Olaf Scholz dans le désarroi, de nombreux projets clés d'avenir se retrouvant menacés, notamment la transition énergétique du pays.
La solution trouvée - un nouveau dépassement du plafond de déficit national - constitue un revers notamment pour le ministre des Finances, qui avait promis en début d'année le retour de la rigueur.
Ses plans sont désormais caducs et le budget complémentaire prévu désormais inclura principalement des dépenses voulues par son collègue de l'Économie, le vice-chancelier Robert Habeck, du parti des Verts, à savoir un très coûteux mécanisme pour freiner les prix de l'électricité et du gaz pour les ménages et entreprises.
Cet élément est jugé vital pour l'Allemagne, qui a prospéré pendant des années grâce aux importations d'énergie russe bon marché, aujourd'hui stoppées.
Ces dépenses ont été pour le moment gelées par le ministère des Finances suite au rappel à l'ordre des juges suprêmes. Le gel ne s'applique pas en revanche au fonds spécial doté depuis février 2022 de 100 milliards d'euros pour moderniser l'armée allemande, suite à la guerre d'invasion russe en Ukraine.
Les deux chambres du Parlement devront encore approuver la nouvelle initiative budgétaire du gouvernement de coalition.
Ces dernières, dans une impasse, ont été repoussées sine die mercredi par le gouvernement.
Des voix dans l'opposition parlementaire, à l'extrême gauche (Linke) et l'extrême droite (AfD) notamment, réclament la tenue de nouvelles élections. Cette option est favorisée par 46% de la population, selon un récent sondage de l'institut Forsa.
Le soutien de l'opinion pour les partis de gouvernement ne cesse de fondre, au profit des conservateurs et de l'extrême droite.