Le Kenya arrête des dizaines de manifestants appelant à la fin des enlèvements

11:3031/12/2024, Salı
AFP
La police anti-émeute tente de disperser et d'arrêter les manifestants accroupis au sol lors des manifestations pour demander la libération des personnes qui auraient été enlevées par les agences de sécurité de l'État à Nairobi, le 30 décembre 2024.
Crédit Photo : Tony KARUMBA / AFP
La police anti-émeute tente de disperser et d'arrêter les manifestants accroupis au sol lors des manifestations pour demander la libération des personnes qui auraient été enlevées par les agences de sécurité de l'État à Nairobi, le 30 décembre 2024.

La police kényane a tiré lundi des gaz lacrymogènes et arrêté violemment des dizaines de manifestants protestant pacifiquement contre une nouvelle vague d'enlèvements de jeunes opposants, suscitant une vive indignation dans le pays.

Les forces de sécurité kényanes sont accusées d'être à l'origine de dizaines de disparitions survenues après les manifestations anti-gouvernementales durement réprimées en juin et juillet. Ces rassemblements avaient entraîné la mort de plus de 60 personnes, selon des ONG.


La dernière vague d'enlèvements, très médiatisée au Kenya, concerne principalement des jeunes hommes ayant critiqué le président William Ruto sur les réseaux sociaux. Deux d'entre eux avaient publié une image générée par intelligence artificielle représentant le chef de l'État allongé dans un cercueil.


La Commission nationale des droits de l'homme du Kenya (KNCHR) a signalé la semaine dernière sept cas d'enlèvements au cours de ce mois, parmi lesquels six restent portés disparus.

Face à la pression des défenseurs des droits humains et de plusieurs figures politiques, M. Ruto a promis vendredi de
"mettre fin aux enlèvements".

Lundi, des dizaines de manifestants ont répondu à un appel à manifester dans la capitale Nairobi. Brandissant des pancartes à l'effigie des disparus, ils ont scandé leurs noms, demandant leur libération et la fin des enlèvements.

"Les jeunes qui ont été enlevés doivent être libérés",
a déclaré à l'AFP Nerima Wako, membre de l’ONG Siasa qui soutient la jeunesse.

Ce type d’exactions
"aurait dû prendre fin dans les années 90",
a ajouté la manifestante, évoquant l’ère du président Daniel arap Moi, marquée par des disparitions approuvées par l’État.

Me Wako poursuit:


Les citoyens n'ont pas peur de parler, même si l'intimidation est réelle.

Derrière elle, un petit groupe de manifestants a chanté l'hymne national, refusant de bouger malgré les tirs répétés de gaz lacrymogènes par la police.


Le groupe, parmi lequel figurait le sénateur Okiya Omtatah Okoiti, a finalement été embarqué dans quatre véhicules de police.

"Je ne vois pas pourquoi ils font ça à des gens qui ne sont même pas violents", a déclaré Wanjiku, 29 ans, à l'AFP. "Ce combat est loin d'être terminé",
a-t-elle ajouté, estimant que le président devait démissionner.

La police kényane a nié toute implication dans les disparitions, mais des militants dénoncent l'absence d'enquêtes sur ces cas préoccupants.

Un tribunal de Nairobi a ordonné lundi la libération
"immédiate et sans condition"
de cinq hommes prétendument enlevés. Le juge Bahati Mwamuye a exigé que la police présente ces hommes au tribunal mardi ou
"explique sous serment les circonstances de l'affaire"
ou leur lieu de détention.

Depuis juin, la KNCHR recense 82 disparitions, dont 29 restent toujours non élucidées.


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