La colère monte au Kenya après une nouvelle vague d'enlèvements

18:0427/12/2024, Cuma
AFP
Des manifestations éclatent dans la ville d'Embu à la suite de la disparition de Billy Mwangi au Kenya.
Crédit Photo : X /
Des manifestations éclatent dans la ville d'Embu à la suite de la disparition de Billy Mwangi au Kenya.

Des défenseurs des droits humains, politiciens et avocats kényans ont exprimé vendredi de graves préoccupations après une nouvelle vague d'enlèvements visant de jeunes critiques du pouvoir.

Cette série d'enlèvements fait les gros titres au Kenya depuis plusieurs jours. Dans la localité d'Embu, au sud-est de la capitale Nairobi, plusieurs dizaines de personnes ont manifesté pour réclamer justice après la disparition de Billy Mwangi, un influenceur de 24 ans. Ce dernier aurait été enlevé il y a six jours, peu après avoir publié une photo générée par intelligence artificielle montrant le président William Ruto allongé dans un cercueil.


Les forces de sécurité kényanes sont accusées d’avoir orchestré des dizaines de disparitions dans la foulée des manifestations antigouvernementales durement réprimées en juin et juillet derniers.

Accusations contre les forces de sécurité


Human Rights Watch a déclaré plus tôt cette année que ses recherches pointaient vers une unité secrète composée de membres de différentes agences de sécurité.


Rigathi Gachagua, ancien vice-président destitué en octobre après des désaccords avec le président Ruto au sujet des manifestations, a également accusé vendredi une unité secrète d’être derrière ces disparitions.

"Enlever ces enfants et les tuer n'est pas une solution (...) C'est la première administration dans l'histoire de ce pays à cibler les enfants"
, a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse.

De son côté, la police kényane a nié toute implication dans les disparitions. Cependant, elle n’a pas fourni d’explications sur les éventuels responsables, suscitant des interrogations parmi les militants des droits humains.


Des appels à l’action


Faith Odhiambo, présidente de la Law Society of Kenya, a dénoncé l’inaction des forces de l’ordre en déclarant:


L'inspecteur général de la police se contente de nier toute implication de la police dans ces enlèvements sans décrire explicitement les mesures prises pour remédier à ces violations flagrantes.

Elle a ajouté:
"Si effectivement la police n'est pas complice, il lui incombe (...) d'enquêter et de poursuivre les responsables."

L'Autorité indépendante de surveillance de la police a annoncé cette semaine avoir déployé des équipes d'intervention rapide sur les lieux des enlèvements.

Un phénomène inquiétant


Selon la Commission nationale des droits de l'homme du Kenya (KNCHR), parmi les sept cas d'enlèvements signalés au mois de décembre 2024,
"six sont toujours portés disparus"
. Depuis juin, 82 personnes ont été recensées comme disparues, dont 29 sont toujours introuvables.

Les manifestations antigouvernementales de juin-juillet, déclenchées par un projet controversé d’augmentation des impôts, ont causé la mort de plus de 60 personnes selon des ONG. Cette crise marque la période la plus tumultueuse depuis l'arrivée au pouvoir de William Ruto en 2022.

Malgré la fin des grandes manifestations, la colère persiste au Kenya, alimentée par une crise du coût de la vie et des accusations continues de violences des forces de sécurité.


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