Israël menace de ramener le Liban "à l'Âge de pierre" en cas de guerre avec le Hezbollah

La rédaction
12:1327/06/2024, jeudi
AFP
Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant.
Crédit Photo : ANDREW HARNIK / AFP / Archive
Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant.

Israël ne veut pas d'une guerre contre le Hezbollah mais a la capacité de ramener le Liban à "l'âge de pierre" le cas échéant, a prévenu son ministre de la Défense sur fond de craintes onusiennes d'une extension "potentiellement apocalyptique" du conflit à Gaza.

"Le Hezbollah comprend très bien que nous pouvons infliger d'énormes dégâts au Liban si une guerre est lancée"
, a déclaré à la presse le ministre Yoav Gallant à l'issue d'une visite de plusieurs jours à Washington.

"Nous avons la capacité de ramener le Liban à l'âge de pierre, mais nous ne voulons pas le faire... Nous ne voulons pas d'une guerre"
, a-t-il ajouté, précisant que le gouvernement israélien
"se préparait à tout scénario".

La propagation au Liban de la guerre que mène Israël contre le Hamas dans la Bande de Gaza serait
"potentiellement apocalyptique"
, avait plus tôt averti depuis Genève le chef des affaires humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths.

"Je vois cela comme l'étincelle qui mettra le feu aux poudres"
, a-t-il souligné, estimant qu'un conflit impliquant le Liban
"gagnera la Syrie... gagnera les autres"
territoires de la région, entraînant des conséquences
"imprévisibles".

Dans la nuit de mercredi à jeudi, des témoins ont fait état de bombardements dans différents secteurs de la Bande de Gaza, tandis qu'au Liban, cinq personnes ont été blessées dans une frappe aérienne israélienne sur un immeuble de Nabatiyeh (sud), selon l'agence officielle libanaise Ani.

En Syrie, deux personnes ont été tuées dans une frappe israélienne peu avant minuit, a annoncé l'agence officielle Sana en citant une source militaire.


Au Yémen, le Commandement de l'armée américaine pour le Moyen-Orient a indiqué avoir détruit un
"radar"
des rebelles Houthis, alliés du Hamas, qui ciblent le trafic maritime international en mer Rouge et dans le Golfe d'Aden en
"solidarité"
avec la population de Gaza.

Le Liban, après Gaza ?


La guerre à Gaza a entraîné une flambée de violence à la frontière entre Israël et le Liban, où les échanges de tirs sont presque quotidiens entre le Hezbollah libanais, et l'armée israélienne.


Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a annoncé dimanche que la phase
"intense"
des combats touchait à sa fin dans la Bande de Gaza et affirmé qu'ensuite, Israël pourrait
"redéployer certaines forces vers le nord"
, à la frontière avec le Liban.

"Il semble qu'Israël, qui a dévasté Gaza, jette désormais son dévolu sur le Liban. Nous voyons que les puissances occidentales soutiennent Israël en coulisses"
, a déclaré de son côté le président turc Recep Tayyip Erdogan.

"Les projets de Netanyahu d'étendre la guerre à la région conduiront à un grand désastre"
, a-t-il ajouté. Comme le Canada, l'Allemagne a enjoint mercredi ses ressortissants à quitter le Liban.

"Guerre régionale"


"Une guerre entre Israël et le Hezbollah pourrait facilement devenir une guerre régionale, avec des conséquences désastreuses pour le Moyen-Orient"
, s'est lui aussi inquiété le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, en recevant M. Gallant à Washington.

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait averti la semaine dernière qu'
"aucun lieu"
en Israël ne serait le cas échéant épargné par son mouvement, au lendemain d'une annonce de l'armée israélienne selon laquelle
"des plans opérationnels pour une offensive au Liban"
avaient été
"validés".

"Besoin d'eau"


La guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire de 2,4 millions d'habitants assiégés par Israël, où 495.000 personnes souffrent de la faim à un niveau
"catastrophique"
, selon un rapport publié mardi par le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), sur lequel se basent les agences de l'ONU.

L'eau manque aussi en plein été dans le territoire surpeuplé, où les habitants se pressent avec des bidons quand arrive un camion chargé de citernes.

L'ouverture en mars d'un couloir maritime depuis Chypre a permis l'envoi à Gaza de 7.000 tonnes d'aide humanitaire, dont 6.000 tonnes restent entreposées en raison de violence qui empêche leur distribution, ont affirmé mercredi des responsables américains réunis à Chypre.


"Je n'ai jamais vu un environnement aussi difficile ou complexe"
pour les humanitaires, a déclaré Doug Stropes, de l'USAID, l'agence américaine pour le développement.

"La crise s'est aggravée avec l'arrivée de l'été. Les gens ont besoin d'eau pour boire et se laver"
, témoigne Muhammad Bashir, qui répare dans son atelier de Deir El-Balah, dans le centre de Gaza, des dizaines de réservoirs endommagés ou percés par des éclats d'obus.

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