Ancienne diplomate française, Salomé Zourabichvili a quitté une carrière confortable pour naviguer dans les eaux tumultueuses de la politique géorgienne. Présidente depuis 2018, elle défie le gouvernement en refusant de rendre son mandat sans nouvelles législatives.
Le mandat de Mme Zourabichvili, âgée de 72 ans, expire dimanche à l'occasion de l'investiture de son successeur, l'ex-footballeur Mikheïl Kavelachvili, un loyal du parti au pouvoir, le Rêve géorgien.
Elle était devenue la première femme présidente de la Géorgie en 2018 -un poste dont les pouvoirs venaient d'être réduits- alors avec le soutien de Bidzina Ivanichvili, l'homme le plus riche du pays et fondateur du Rêve géorgien.
Car lorsque le gouvernement a commencé à s'éloigner des ambitions de ce pays du Caucase de rejoindre l'UE, Salomé Zourabichvili a rejoint les rangs des détracteurs du Rêve géorgien.
Elle a mis son veto, sans succès, à plusieurs lois jugées liberticides ciblant la société civile, les médias et les droits des personnes LGBT+, approfondissant la rupture avec le pouvoir, qui a tenté à deux reprises de la destituer.
"Voie européenne"
Défiant le Rêve géorgien, Mme Zourabichvili s'est mêlée à plusieurs reprises aux manifestations à Tbilissi, elle avait été accueillie par des applaudissements de la foule, qui scandait son nom.
Après des études de sciences politiques, Salomé Zourabichvili a choisi la carrière diplomatique qu'elle a suivie pendant près de 30 ans avec des postes aux Nations unies, à Washington ou au Tchad. Elle a terminé cette carrière en tant qu'ambassadrice de France à Tbilissi en 2004.
"Combat politique"
Après la révolution des Roses de novembre 2003 en Géorgie, qui avait provoqué la chute du président Edouard Chevardnadzé, elle est nommée ministre des Affaires étrangères du nouveau dirigeant du pays, le réformateur pro-occidental Mikheïl Saakachvili.
Elle se fait rapidement des ennemis dans les rangs du nouveau pouvoir, qu'elle accuse de dérive autoritaire.
Elle est limogée en 2005 après seulement un an en tant que ministre, malgré des manifestations de soutien. Mme Zourabichvili rejoint alors l'opposition en tant que députée et devient l'une des critiques les plus féroces de M. Saakachvili.
Elle soutient publiquement le Rêve géorgien pour la présidentielle de 2013 et trois ans plus tard, elle refait son entrée au Parlement en tant qu'indépendante. Après avoir renoncé à sa nationalité française, elle est élue présidente en 2018.
Son mari, Janri Kashia, écrivain et journaliste géorgien, est décédé en 2012.