France: La justice refuse de suspendre l'expulsion du président d'une mosquée

10:1511/08/2024, dimanche
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Le président de la mosquée pessac, Abdouramane Ridouane, risque l'expulsion pour avoir défendu la Palestine.
Crédit Photo : X / X
Le président de la mosquée pessac, Abdouramane Ridouane, risque l'expulsion pour avoir défendu la Palestine.

Le tribunal administratif de Paris rejette la demande de suspension d'expulsion d'Abdouramane Ridouane, président de la mosquée de Pessac, en raison de son soutien à la Palestine.

La justice a en effet pointé plusieurs de ses publications en lien notamment avec la situation en Palestine pour légitimer sa décision.


Dans leur décision, les magistrats estiment que le responsable associatif, installé en France depuis 1991,
"ne justifie pas"
le fait que son expulsion
"porterait une atteinte d'une ampleur particulièrement grave à sa situation personnelle et familiale".

L'argumentaire déployé en 11 points par le tribunal administratif de Paris accuse en outre Abdouramane Ridouane, déjà sous le coup d'une MICAS (mesure individuelle de contrôle administratif et de surveillance), de présenter le Hamas comme un mouvement de résistance et de s'opposer ainsi à
"un apaisement"
dans un contexte particulièrement tendu à ce sujet, en France comme à l'international.

Pour rappel, le recours intenté en urgence par son avocat, Maître Sefen Guez Guez, intervenait alors que le président de la mosquée de Pessac avait été perquisitionné et interpellé jeudi matin.

Le responsable religieux, qui a pourtant remporté, samedi, un recours intenté en référé devant la justice administrative en vue de l'obtention de son titre de séjour, est en effet visé par un arrêté ministériel d'expulsion vers son pays d'origine, le Niger.


Dans le courant du mois de juin, le tribunal judiciaire de Bordeaux avait d'ailleurs émis un avis défavorable à cette expulsion.

Pour la commission chargée d'examiner la demande d'expulsion formulée par la Préfecture,
"les publications Facebook de M. Ridouane - unique fondement utilisé par la Préfecture - ne démontrent pas que ce dernier aurait un comportement de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de l'État"
, relatait alors maître Sefen Guez Guez.

Acharnement administratif


"C'est une première victoire satisfaisante pour le président de la mosquée de Pessac, qui salue le travail minutieux effectué par la commission",
commentait ce dernier, qui estimait que
"l'acharnement que subit la mosquée de Pessac, par la Préfecture d'abord en 2022, dans une tentative ratée de faire fermer le lieu de culte, puis par l'extrême droite qui a encore vandalisé le lieu de culte le 26 mai dernier, doit cesser".

Dans son communiqué, le conseil considérait enfin que
"les temps troubles"
qui sont vécus dans le pays nécessitent
"un vrai apaisement auquel le président de la mosquée de Pessac veut croire".

À noter qu'Abdouramane Ridouane est visé par une procédure d'expulsion depuis début mai et assigné à résidence depuis fin mai.

Dans un entretien, son avocat soulignait récemment qu'il était ciblé par les autorités en raison de
"son attachement à la défense de la cause palestinienne et de sa critique de la politique internationale de la France, y compris au Niger, son pays d'origine".

Pour justifier son assignation à résidence, les services préfectoraux se sont notamment basés sur plusieurs éléments, dont le passage de la flamme olympique à Bordeaux et les Jeux Olympiques. Il lui est également reproché d'avoir publié en ligne une caricature dénonçant une forme de deux poids deux mesures dans le traitement réservé aux Palestiniens par rapport à celui réservé aux Ukrainiens.


Acharnement judiciaire


Maître Guez Guez ne manque pas de rappeler que ce n'est pas la première fois que son client et la mosquée de Pessac s'opposent à l'administration, puisqu'en 2022 déjà, le ministère de l'Intérieur avait tenté de faire fermer le lieu de culte, avant que la mesure ne soit rejetée par le tribunal administratif de Bordeaux puis par le Conseil d'État.


"Cet acharnement n'est qu'une illustration de plus de la volonté des pouvoirs publics de faire taire toute voix contestataire dans une logique d'affichage à l'approche des élections européennes"
, estimait à cet effet l'avocat niçois.

Et de conclure:
"Fort des deux décisions rendues en sa faveur par la justice administrative, M. Ridouane est plus que déterminé à faire valoir ses droits et a mandaté le cabinet pour assurer sa défense devant la commission et les juridictions administratives".

Les imams pris pour cible


Pour rappel, fin 2022, Mediapart révélait que le ministère de l'Intérieur avait établi une liste de nombreux imams à expulser.


Dans le même temps, Gérald Darmanin reconnaissait à l'antenne de BFMTV qu'un peu
"moins d'une centaine de personnes"
pourraient être ciblées comme l'a été l'imam Hassan Iquioussen.

À titre d'exemple, l'ancien cadre de l'UOIF (Union des organisations islamiques de France), Ahmed Jaballah, rencontrait, depuis trois ans, de grandes difficultés pour obtenir le renouvellement de son titre de séjour, avant de quitter l'Hexagone de son propre chef.


C'est dans la même logique qu'Abdouramane Ridouane est concerné depuis des années par des difficultés liées au renouvellement de son titre de séjour, alors qu'il lui a toujours été octroyé lors de précédentes échéances.


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