Approché par la presse, cet ancien ministre de l’Environnement indique que ce parc est traversé par la rivière Rusizi dont il porte le nom et a changé de statut plusieurs fois.
En 1980, il a été appelé "Réserve naturelle" avec 8 000 hectares. Deux ans après, cet espace sera élevé au statut de parc national avec une superficie de 12 350 hectares avant d’être rebaptisé, en 2000, comme "Réserve naturelle" après avoir été amputé de la moitié de sa superficie. Et c’est finalement, en 2011, qu’il redeviendra "Parc national de la Rusizi" avec 10 673 hectares, mentionne cet environnementaliste et ancien cadre de l’Office burundais pour la protection de l’environnement (OPBE).
Les deux secteurs étant reliés, précise-t-il, par un corridor constitué par la partie appelée "Grande Rusizi" et un ruban de terrain de 100 mètres de part et d’autre de cette rivière avec une étendue de 443 hectares.
Le secteur Delta est très riche en biodiversité et c’est là que beaucoup de visiteurs se dirigent. En excursion dans cette aire protégée, il faut s’attendre à croiser un, deux ou trois hippopotames en train de brouter en pleine journée jusqu’à quelques mètres des bureaux de l’Office burundais pour la protection de l’environnement (OBPE) installés sur le site.
Sur une sorte d’îlots dans la rivière Rusizi, les hippopotames sont nombreux à se détendre, à nager, à bouger d’une rive à l’autre. Un vrai spectacle pour les amoureux de la nature. Ils plongent et remontent leurs grosses têtes à la surface pour savourer de l’air. Dans ce parc, c’est le mammifère le plus dominant et le plus prolifère, étant en plein boom démographique.
Ceci est lié en partie, analyse-t-il, à la cessation progressive du braconnage et à l’implication des autorités dans la protection de ces animaux. Aujourd’hui, ces mammifères pachydermes s’entretuent souvent en se disputant des pâturages, selon le responsable qui précise qu’il s’agit d'animaux territoriaux.
Ce qui aboutit souvent à des cas de conflit hommes-hippopotames aboutissant souvent à des morts ou des blessures graves.
Dans ce parc, ces grands mammifères ont des compagnons. Des milliers d’oiseaux, de plusieurs espèces, restent tout près d’eux et n’hésitent pas à se reposer sur leurs dos et en profitent pour picorer des tiques et d’autres insectes.
Selon lui, les prairies émergées de ce secteur constituent des sites de nidification pour nombreuses espèces limicoles telles que les Himantopus himantopus, les Venellus coronatus, etc. Le parc est aussi un lieu de passage, de repos, d’hibernation pour les oiseaux migrateurs intra-africains et paléarctiques, ajoute-t-il, notant que ces oiseaux fuient la lourdeur du froid hivernal.
Des oiseaux aquatiques d’Afrique de l’est y sont observés sur plus de la moitié de l’année, à l'instar des pélicans gris, le cormoran pygmée africain, le bec en ciseaux et plusieurs espèces de tisserins et de hérons. En tout, le parc national de la Rusizi compte jusqu’à 19 espèces de mammifères dont les hippopotames, les antilopes, le sitatunga, le serval, le chacal à flancs rayés, le grivet ainsi que plusieurs espèces de petits mammifères.
Or, avec la crise politico-sécuritaire de 1993, consécutive à l’assassinat du président Melchior Ndadaye, dans le coup d’Etat de la nuit du 20 au 21 octobre, aucun éléphant n’a survécu :
Ils ont été tués lors des affrontements qui ont opposé des rebelles et l’armée régulière de l’époque.
Un projet de repeuplement d’éléphants est en cours d’analyse pour sauver cette espèce endémique. Sans préciser de date pour le début de ce programme, Pacifique Ininahazwe, indique qu’il concernera aussi d’autres espèces animales qui n’existent plus sur le territoire national. Selon Ininahazwe, on y trouve également les bosquets kérophiles à Cadaba farinosa var. adenotricha et commiphora madagasacariensis.
D’autres formations végétales sont faites d’euphorbe candélabre (Euphorbia Candilabrum) ; d’une steppe à Bulbine abyssinica sur les salonetz ; les formations de recolonisation à Acacia hockii ; les formations aquatiques et semi-aquatiques des dépressions de profondeur moyenne envahies par Hygrophila auriculata.
Les effets des changements climatiques et le braconnage constituent les principales menaces qui guettent ce parc.
Jean Marie Sabushimike, géographe et expert en matière de prévention et gestion des catastrophes indique qu’avec les fortes précipitations, l’eau du lac Tanganyika monte.
Les gens aiment la viande. Ce qui ne les empêche pas de s’introduire dans les aires protégées à la recherche de gibier.
Une situation difficile à résoudre du fait que le personnel reste très insuffisant. Pacifique Ininahazwe indique que l’effectif du personnel de protection du parc est très faible. Il donne l’exemple du secteur palmeraie, où seulement huit écogardes viellent sur six mille hectares. Ils sont très âgés et non équipés, déplore-t-il.
Pour lui, le mieux serait de renouveler le personnel de protection de ce parc et de mieux les équiper.