Grippe aviaire: de récentes contaminations suscitent l'inquiétude aux Etats-Unis

15:1828/12/2024, samedi
MAJ: 28/12/2024, samedi
AFP
Une cliente parcourt le rayon volaille d'un Walmart à Rosemead, en Californie, le 19 décembre 2024.
Crédit Photo : Frederic J. BROWN / AFP
Une cliente parcourt le rayon volaille d'un Walmart à Rosemead, en Californie, le 19 décembre 2024.

Après la détection d'un premier cas grave de grippe aviaire chez l'homme et de nouvelles contaminations chez les félins, la propagation du virus H5N1 suscite l'inquiétude aux Etats-Unis, les experts refusant toutefois de céder à la panique.

Les autorités sanitaires américaines ont annoncé le 18 décembre qu'un patient âgé et souffrant d'autres pathologies était hospitalisé dans
"un état critique"
en Louisiane après avoir contracté la grippe aviaire, une première dans le pays.

Selon des séquençages rendus publics jeudi, une petite partie du virus H5N1 retrouvé dans la gorge de ce patient présente des modifications génétiques qui pourraient le rendre davantage adapté aux voies respiratoires supérieures humaines (du nez au larynx).

Ces mutations ont
"probablement été générées lors de la réplication du virus chez le patient"
, ont indiqué les Centres américains de prévention et de lutte contre les maladies (CDC).

"Les virus à ARN sont connus pour muter à l'intérieur de leurs hôtes, et ces mutations sont bien sûr inquiétantes"
, a réagi auprès de Rebecca Christofferson, chercheuse à l'université d'Etat de Louisiane.

Mais
"la bonne nouvelle, c'est qu'il ne semble pas y avoir d'éléments suggérant que le virus soit devenu plus transmissible, car aucun autre cas n'a été associé à celui-ci"
, a-t-elle tempéré.

Epizootie


Depuis plusieurs mois, les Etats-Unis font face à une épizootie - l'équivalent d'une épidémie chez les animaux - de grippe aviaire.


Le nombre croissant de mammifères infectés par la maladie inquiète les experts, qui craignent qu'une forte circulation ne facilite une mutation du virus qui lui permettrait de passer d'un humain à un autre.

Dans le cas du patient de Louisiane, les mutations génétiques observées constituent
"une étape nécessaire pour qu'un virus devienne plus contagieux"
, mais
"ce n'est pas la seule"
nécessaire, a insisté auprès de Angela Rasmussen, virologue à l'université de Saskatchewan au Canada.

Des modifications similaires ont déjà été observées par le passé chez des patients contaminés par la grippe aviaire et gravement malades, et ne se sont pas pour autant traduites par une augmentation de la transmissibilité du virus à l'homme, rappellent les experts.

Pour Thijs Kuiken, du Centre médical universitaire Erasmus, aux Pays-Bas, ces dernières mutations génétiques pourraient par ailleurs conduire à des infections moins graves, le virus devenant
"plus susceptible"
d'
"infecter les voies respiratoires supérieures"
et donc de provoquer des écoulements nasaux ou des maux de gorge, plutôt que d'affecter les voies respiratoires inférieures, et d'entraîner des pneumonies.

Nourriture contaminée


En dehors de ces modifications génétiques, c'est davantage le niveau de circulation du virus qui inquiète les chercheurs.


En plus de ce patient de Louisiane, 65 cas bénins de la maladie ont ainsi été détectés chez l'homme aux Etats-Unis depuis le début de l'année, et d'autres pourraient être passés inaperçus, selon les CDC.


Cette circulation du virus augmente la probabilité qu'il se mélange à celui de la grippe saisonnière, risquant de déclencher un processus similaire à ceux qui avaient conduit aux pandémies de grippe de 1918 et 2009, selon Angela Rasmussen.

Les autorités sanitaires surveillent également de près l'augmentation des cas de grippe aviaire chez les félins.


Dans l'Oregon (nord-ouest), un chat est mort après avoir consommé de la nourriture crue pour animaux, dont la contamination par le virus H5N1 a été confirmée par des analyses.


Vingt félins infectés par la grippe aviaire sont également morts dans un refuge de l'Etat de Washington (nord-ouest), a annoncé sur Facebook une association locale de défense des animaux.


Selon Angela Rasmussen, des chats contaminés pourraient exposer leur propriétaire à un
"risque"
de contracter la maladie lors de contacts rapprochés.

La grippe aviaire A (H5N1) est apparue pour la première fois en 1996 mais, depuis 2020, le nombre des foyers chez les oiseaux a explosé et un nombre croissant d'espèces de mammifères ont été touchées.


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