Cette méga-usine d'un coût équivalent à 8 milliards d'euros subventionné à plus de 40% par le Japon sera inaugurée samedi à Kikuyo, une petite ville du département de Kumamoto, dans le sud-ouest de l'archipel.
C'est l'un des piliers de l'ambitieux plan du Japon de revitaliser son industrie des semi-conducteurs, en injectant l'équivalent de plusieurs dizaines de milliards de dollars dans le secteur.
L'usine de Kumamoto est l'un des plus importants investissements industriels à l'étranger de TSMC, souligne Chris Miller, professeur à l'université Tufts près de Boston (nord-est des États-Unis) et auteur en 2022 de "Chip War", un livre remarqué sur la compétition dans les puces électroniques que se livrent désormais l'Asie, les États-Unis et l'Europe.
Avec des groupes comme Toshiba et NEC, le Japon dominait le marché mondial des micro-puces dans les années 1980. Mais son importance dans ce domaine a ensuite fondu devant la concurrence taïwanaise et sud-coréenne : le Japon n'a plus que 10% de parts de marché dans ce secteur, contre plus de 50% à sa grande époque.
Plus tôt ce mois-ci, TSMC a confirmé qu'il allait construire une deuxième méga-usine dans le département de Kumamoto, là aussi avec un important soutien financier de Tokyo et d'entreprises privées japonaises comme Sony et Toyota.
TSMC songe aussi à construire une troisième, voire une quatrième usine géante au Japon à plus long terme, selon la presse.
Le gouvernement japonais a aussi mis sur pied Rapidus, un consortium public-privé associé avec l'américain IBM pour produire au Japon la future génération de semi-conducteurs, des circuits intégrés d'à peine deux nanomètres : de quoi concentrer 50 milliards de transistors sur la taille d'un ongle.
TSMC, qui compte Apple et Nvidia parmi ses clients, contrôle plus de la moitié de la production mondiale de puces, utilisées dans tous les domaines, des smartphones aux voitures connectées en passant par les missiles et l'intelligence artificielle (IA).
Le groupe est aussi en train de bâtir un gigantesque site de production en Arizona (sud-ouest des États-Unis), un chantier qui a pris du retard, et en prévoit un autre en Allemagne, son premier en Europe.
Mais le Japon a l'avantage d'être géographiquement proche de Taïwan, d'avoir une grande expérience dans la production de semi-conducteurs et d'être efficace : l'usine de TSMC a été achevée en seulement 22 mois.
Mais comme pour d'autres secteurs d'activité, le pays craint de manquer de main-d'œuvre pour redévelopper sa filière des semi-conducteurs, à cause de son déclin démographique prononcé.
D'autres domaines technologiques, comme les logiciels, sont plus cotés auprès des étudiants japonais, et l'industrie des semi-conducteurs apparaît aussi comme risquée pour ceux cherchant un emploi stable, car son activité est très cyclique.