L'économie allemande s'attend à un rude hiver

17:0222/11/2024, الجمعة
AFP
Le chancelier fédéral d'Allemagne, Olaf Scholz.
Crédit Photo : LUDOVIC MARIN / AFP
Le chancelier fédéral d'Allemagne, Olaf Scholz.

Un hiver morose attend l'économie allemande, plombée par son industrie: le PIB a moins progressé qu'initialement espéré au troisième trimestre et le pays craint que le retour de Donald Trump à la Maison Blanche accentue ses difficultés commerciales.

Entre juillet et septembre, le produit intérieur brut de la première économie européenne a cru de 0,1%, soit 0,1 point de moins que la première estimation de l'institut Destatis fin octobre.


La menace de la
"récession technique"
- soit une deuxième baisse du PIB d'affilée, après un recul de 0,3% au deuxième trimestre - est certes écartée pour le moment.

Mais
"il ne faut pas minimiser"
la crise économique persistante en Allemagne, a averti vendredi le ministre des finances Jörg Kukies au journal Handelsblatt.

Carsten Brzeski de ING, pour qui les chiffres de vendredi ne sont pas
"le signe d'un rebond"
mais la
"confirmation que l'économie allemande est enlisée dans la stagnation"
assure:

Une récession hivernale se profile à l'horizon.

"Enlisée dans la stagnation"


Stagnation causée en partie par la crise de compétitivité de l'industrie allemande, essorée par des prix de l'énergie élevés et un recul de la demande mondiale, alors qu'elle pèse toujours plus de 20% dans le PIB.


La production industrielle devrait reculer de 3% cette année, la troisième consécutive de baisse, et
"une reprise en 2025 n'est pas en vue",
s'est alarmée la fédération des industriels BDI vendredi.

Des plans sociaux en cascade ont été annoncés par les grands industriels du pays, le secteur automobile, incarnation du succès économique allemand, étant touché de plein de fouet, à l'image de Volkswagen.


Quant aux exportations allemandes, traditionnellement pilier de la croissance, elles perdent en compétitivité et souffrent des tendances protectionnistes chinoises et américaines.


Entre juillet et septembre, elles ont enregistré un net recul de 1,9%, chutant de 0,3% sur un an.


L'économie allemande devrait reculer de 0,2% cette année, selon les dernières prévisions du gouvernement. A l'inverse, la zone euro va croître de 0,8% en 2024 selon Bruxelles.

Menace américaine


L'année 2025 sera-t-elle celle de la reprise ? Le gouvernement table sur une croissance de 1,1%, espérant une embellie de la consommation. Mais d'autres experts sont moins optimistes comme les "Sages économiques" allemands qui ne voient qu'une progression du PIB de 0,4%.


Les dépenses de consommation globales ont soutenu la croissance entre juillet et septembre, avec une augmentation de 0,3% par rapport au trimestre précédent, petite éclaircie dans la grisaille allemande.


"Tout au plus peut-on se réjouir que la consommation privée évolue enfin un peu mieux",
juge Jens-Oliver Niklasch de LBBW. 

A nuancer, car la hausse de la consommation globale de 0,8% sur un an doit d'avantage aux dépenses publiques qu'aux achats des ménages, selon les chiffres de Destatis.


La pression inflationniste n'est pas non plus totalement éliminée, en témoigne la remontée de l'inflation à 2,0% en octobre sur un an, qui pourrait refroidir les consommateurs.


Pour redynamiser durablement la croissance, il faudra surtout
"une baisse significative du taux d'épargne actuellement inhabituellement élevé",
estime l'expert de la KfW Philipp Scheuermeyer.

Et la conjoncture économique pourrait encore s'aggraver avec la transition politique aux Etats-Unis en janvier.


Les hausses de droits de douane promises par Donald Trump pour son retour à la Maison-Blanche pourraient coûter à l'Allemagne 1% de son produit intérieur brut, selon le président de la banque centrale allemande.

Sans compter les futures baisses d'impôts et dérégulations qui affecteront indirectement la compétitivité outre-Rhin, d'après Carsten Brzeski. 


Selon le ministre des finances Jörg Kukies, le pays doit s'améliorer sur
"le potentiel de main-d'œuvre qualifiée, la débureaucratisation, les incitations fiscales à l'investissement et à la recherche et les prix de l'énergie".

Cette mauvaise conjoncture accentue l'impopularité du gouvernement d'Olaf Scholz, qui s'attend à être sanctionné dans les urnes aux élections législatives anticipées du 23 février 2025.


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