Crédit Photo : ADNAN BECI / AFP
Le site de construction du centre de rétention pour les migrants secourus dans les eaux italiennes dans le port de Shengjin, à environ 60 km au nord-ouest de la capitale Tirana, en Italie, le 2 mai 2024.
Aucun migrant secouru dans les eaux italiennes n'arrivera en Albanie lundi, jour prévu de la mise en œuvre d'un accord signé avec l'Italie qui prévoit qu'ils soient transférés en Albanie, a dit à la presse française le directeur du port albanais chargé de les accueillir.
"Il n'y aura pas de migrants lundi",
a déclaré à l'AFP le directeur du port de Shengjin, Sander Marashi.
Quelques jours avant l'ouverture supposée des centres d’accueil, l'Agence italienne Ansa avait annoncé que le retard était dû à des délais dans les travaux menés par des entreprises italiennes.
"Le génie militaire italien qui travaille sur les sites de Shengjin et Gjader sur la base de l’accord entre Rome et Tirana, n'a pas encore achevé la construction des structures d’accueil"
, était-il écrit.
Début mai, à Shengjin, seule une douzaine de petits blocs de préfabriqués étaient installés au milieu du port. Selon les autorités locales, une fois fini, le site de 4.000 m2 sera entouré de murs de 4 mètres de haut.
Le prestataire privé chargé de la gestion des centres devait être prêt
le 20 mai, selon les termes de l'appel d'offre publié sur le site du ministère italien de l'Intérieur en mars.
L'opérateur a été choisi (la société italienne Medihospes) mais le gouvernement prévoyait que, en fonction de l'avancement des travaux, les centres pouvaient d’abord accueillir un nombre réduit de personnes avant de fonctionner à pleine capacité.
La fin définitive des travaux était prévue fin octobre/début novembre.
Selon le quotidien italien La Repubblica (centre-gauche), le chantier
"est encore au stade initial". "Les bulldozers du génie militaire en sont toujours aux fondations",
affirme le journal.
Le gouvernement italien ne confirme pas officiellement l'existence de retards dans le chantier mais des sources dans la majorité interrogées par l'AFP reconnaissent un délai en l'imputant à l'examen du projet par la cour constitutionnelle albanaise qui, saisie par l’opposition, a suspendu la procédure fin 2023.
Toujours selon La Repubblica, Giorgia Meloni espérait l'ouverture – même partielle – des centres avant les élections européennes de juin, et envisageait de se rendre en Albanie le 27 mai.
Ces deux centres - financés et gérés par l'Italie, sur le territoire d'un pays qui ne fait pas partie de l'Union européenne (UE) mais y aspire - pourront accueillir jusqu'à 3.000 migrants arrivés en Italie par voie maritime.
Après leur enregistrement, les migrants arrivés à Shengjn seront emmenés à Gjader, une ancienne base militaire située à une vingtaine de kilomètres. Là, ils seront hébergés en attendant de savoir si leur demande d'asile est acceptée.
Les dépenses nécessaires à la construction des centres, à la sécurité et à la prise en charge médicale des demandeurs d'asile, seront couvertes à 100% par l'Italie, pour un coût évalué entre 650 et 750 millions d'euros sur cinq ans.
Le nombre de personnes tentant de rejoindre l'Europe via l'Italie a beaucoup augmenté en 2023. Selon le ministère italien de l'Intérieur, 157.652 personnes ont débarqué sur les côtes italiennes l'an passé, contre 105.131 en 2022.
Toutefois, toujours selon les chiffres du ministère italien de l’Intérieur, les arrivées par la mer sur le territoire national ont considérablement baissé depuis le début de l’année : 18.593 personnes sont arrivées en Italie entre le 1er janvier et le 17 mai, contre 45.507 lors de la même période de 2023.
La traversée est dangereuse, souvent mortelle. En 2023, 3.041 migrants ont été portés disparus après avoir tenté de traverser la Méditerranée, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
#Italie
#Albanie
#Immigration
#Politique
#Migrants