ÉDITION:

Jeux Olympiques: dettes et crises économiques, le revers de la médaille Olympique

La rédaction
12:333/10/2023, mardi
MAJ: 18/10/2023, mercredi
Yeni Şafak
Crédit Photo: JULIEN DE ROSA / AFP
Crédit Photo: JULIEN DE ROSA / AFP

Les Jeux Olympiques sont l'un des évènements les plus prestigieux qu'un pays puisse accueillir et renforcent notamment sa visibilité à l'international. Mais derrière ce prestige, les investissements qu'ils nécessitent peuvent avoir des dommages économiques majeurs sur le pays hôte.

La France accueillera les Jeux Olympiques et Paralympiques en 2024. Un événement planétaire à Paris qui devrait accueillir des milliers de visiteurs et des sportifs de haut niveau. Les Jeux Olympiques sont organisés pour leur prestige, mais aussi pour les opportunités d'investissement et de création d'une économie autour du sport. Paris, une ville déjà très attractive du point de vue touristique, renforcera son attractivité mais boostera de façon significative aussi ses infrastructures grâce à la réception de cet événement.


Des retombées économiques majeures sont attendues pour Paris 2024, autour de trois secteurs: le tourisme, l'organisation et la construction. Le premier porte sur les personnes étrangères qui visiteront la capitale française durant les JO. Le deuxième concerne une série de dépenses prévisionnelles liées aux sites des jeux, à l'aménagement des terrains ou encore à la sécurité à l'intérieur et extérieur des enceintes. Le troisième porte sur les investissements autour des infrastructures sportives.


Incertitude sur les coûts et surcoûts


Mais le problème avec ces évènements sportifs grandeur nature, c'est qu'il est difficile d'en mesurer avec exactitude les retombées économiques. Le CEDS (Centre de Droit et d'Economie du Sport), pour Paris 2024, parie sur trois scénarios: le premier, le scénario haut, évalue l'impact économique total à 10,7 milliards d'euros, le deuxième à 8,1 milliards d'euros et le dernier à 5,3 milliards d'euros. Mais pour Jean-Pascal Gayant, économiste et directeur de l'IUT de Saint Malo (s'exprimant dans les colonnes du Figaro),
"il faut se méfier du scénario haut, qui peut être influencé par la politique, pour affirmer le fait que les Jeux Olympiques rapportent beaucoup d'argent".

Dépassement des coûts économiques des Jeux Olympiques

Car, s'il y a une communication politique faisant souvent l'éloge de la rentabilité des Jeux Olympiques, la réalité est bien différente. L'organisation des Jeux Olympiques de Paris 2024 fait déjà face au grand mal de cette compétition: les surcoûts.

Dans ce contexte de grande inflation, les Jeux de Paris ne sont pas épargnés. En 2017, le coût prévisionnel de cet événement était de 6,6 milliards d'euros. Aujourd'hui, la somme est passée à 8,8 milliards d'euros.


Les crises économiques post-JO


Mais la France ne fait que subir le syndrome économique des Jeux Olympiques. Le Japon a subi les mêmes surprises.
Aggravé par la crise sanitaire du Covid et leur report d'un an, les JO de Tokyo de 2021 ont coûté 12 milliards d'euros selon la Cour des comptes japonaises, soit près de deux fois plus que dans le dossier de candidature.

Les incertitudes sur le coût final des Jeux Olympiques sont devenues monnaies courantes et peuvent notamment avoir des conséquences économiques majeures. Même si l'organisation de cette compétition ne peut pas à elle seule plomber toute une économique, elle peut avoir un effet amplificateur et pas des moindres.


La crise grecque après les Jeux Olympiques de 2008 est un cas d'école. Selon l'économiste Victor Matheson, les Jeux Olympiques d'Athènes avaient coûté environ 9 milliards d'euros aux finances du pays, soit 5% des richesses produites par la Grèce en un an.
"Les Jeux olympiques ont fait exploser la banque. Le déficit public, qui était à la baisse depuis 1999, a brusquement remonté en 2004, atteignant 7,5% du PIB",
explique-t-il au Figaro. Selon lui, les recettes attendues notamment dans le secteur du tourisme n'avait pas été au rendez-vous. Les Jeux n'étaient pas rentables.

Entre surcoûts et endettements, les JO peuvent accélérer la décadence économique des pays organisateurs. Le Brésil y est aussi passé en 2016, après les JO de Rio, qui avaient été précédés notamment de l'organisation de la Coupe du Monde 2024. Elle s'en était sortie avec un déficit de 5,6 milliards d'euros, des salaires et retraites non payés, des services publics à l'abandon, et une montée de l'insécurité.

Dans le cas du Brésil, les Jeux Olympiques avaient néanmoins simplement amplifié des tares de l'économie brésilienne, entre une corruption profonde et le manque de vision anticipée sur la chute des cours du pétrole dont Rio tire une bonne partie de son budget.


Quoi qu'il en soit, l'endettement et la crise économique peuvent être facilement le revers de la médaille olympique. Montréal qui avait connu un dépassement de 796% des coûts prévus pour l'Organisation des Jeux Olympiques de 1976 a fini de payer sa dette olympique en... 2006. Paris est prévenu !


Par
Alioune Aboutalib LO

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