Quand la Türkiye a battu l'Allemagne mi-novembre dans l'Olympiastadion de Berlin, le deuxième but turc est venu de Kenan Yıldız, un natif de Bavière qui, comme nombre de joueurs allemands d'origine turque avant lui, a fait le choix de la "Milli Takım".
L'Italien a dévoilé vendredi soir les noms des vingt-six joueurs turcs retenus pour la compétition.
Parmi eux figurent cinq joueurs nés sur le sol allemand, dont le jeune prodige de la Juventus Kenan Yıldız, Salih Özcan, finaliste de la Ligue des champions avec le Borussia Dortmund, et l'incontournable Hakan Çalhanoğlu, capitaine de la sélection et maître à jouer de l'Inter Milan, champion d'Italie 2024.
Ces joueurs, qui affronteront le Portugal, la Géorgie et la République tchèque dans le groupe F, sont les descendants pour beaucoup des "travailleurs invités" turcs arrivés en Allemagne de l'Ouest dans les années 60 et 70.
Leur choix de porter le maillot de la "Milli Takım", qui ravit les supporters turcs, relance régulièrement le débat sur l'intégration en Allemagne, où vit la plus grande communauté turque ou d'origine turque de l'étranger, trois millions de personnes environ.
Nombre d'Allemands d'origine turque ont eux opté pour la Mannschaft. Le plus célèbre, Mesut Özil, champion du monde 2014, avait renoncé à son passeport turc à sa majorité, avant d'être érigé en symbole d'une Allemagne multiculturelle.
Ses propos sont entrés en résonance en janvier dernier, lors de l'adoption au Bundestag d'une loi assouplissant les conditions d'obtention de la nationalité allemande et étendant les possibilités de double nationalité.
John McManus, auteur d'un livre sur le football turc, raconte une anecdote témoignant de ces sentiments d'appartenance multiples.
À la 79e minute d'un match des éliminatoires de l'Euro 2012 opposant l'Allemagne à la Türkiye, Mesut Özil inscrit le but du 2-0 pour la Mannschaft. John McManus se trouve à ce moment-là à Kreuzberg, un quartier de Berlin surnommé "la petite Istanbul".