
Le 2 décembre, le quotidien "Israel Hayom", publié en anglais en Israël, a organisé un sommet à New York. Le propriétaire du journal était le milliardaire sioniste Sheldon Adelson, surnommé le "Roi des Casinos", grand donateur de Trump et des Républicains. Adelson, décédé en 2021, était également un soutien de Netanyahu. L’événement était accueilli par Miriam Adelson, son épouse.
Lors de ce sommet, Hillary Clinton – épouse de Bill Clinton, ancienne secrétaire d’État et candidate démocrate à la présidentielle de 2016 – a reproché aux jeunes, désormais critiques envers Israël, de ne pas connaître l’histoire et de s’informer principalement via les réseaux sociaux, en premier lieu TikTok. Pour Clinton, "ils regardent de courtes vidéos, certaines totalement inventées, d’autres qui ne représentent absolument pas ce qu’elles prétendent montrer". Ce qu’elle ne pouvait avouer, en revanche, c’est que les jeunes ne se laissent plus berner par les mensonges des médias dominants pro-israéliens.
Le génocide commis par Israël a pourtant été dénoncé par des centaines d’universitaires, à commencer par l’Israélo-Américain Omar Bartov. Bartov a 71 ans, et les autres signataires ne sont pas jeunes non plus. Ce professeur juif spécialiste des génocides a publié, le 15 juillet 2025 dans le "New York Times", un article intitulé : "Je suis expert en génocide. Je le reconnais quand j’en vois un". Hillary Clinton, elle, feignant d’ignorer les décisions de l’ONU, de la Cour internationale de Justice et de la Cour pénale internationale concernant Israël, préférait accuser les jeunes d’être des victimes des réseaux sociaux.
Affirmant qu’Israël menait une très mauvaise politique de communication aux États-Unis, Clinton estimait que "l’histoire n’est pas racontée de manière assez efficace". Interrogée sur la perte du soutien bipartisan envers Israël aux États-Unis, elle déclarait : "Ce n’est pas une fracture entre Républicains et Démocrates. C’est une fracture générationnelle".
David Friedman, ambassadeur des États-Unis en Israël lors du premier mandat de Trump, soutenait pour sa part que se focaliser sur les partis politiques faisait oublier une transformation démographique beaucoup plus profonde. Il soulignait que 80 à 90 % des jeunes Juifs américains avaient probablement approuvé l’élection à la mairie de New York de Zohran Mamdani, figure ouvertement critique d’Israël : "Parce que dans ma génération, je ne connais personne qui aurait voté pour lui", disait-il.
Friedman affirmait que le climat anti-israélien naissant était "un immense problème générationnel" touchant à la fois les jeunes évangéliques chrétiens et les jeunes laïcs. Selon lui, il serait illusoire de penser que ce changement ne se refléterait pas à long terme dans la politique américaine et ses dirigeants. "Ce problème existe à gauche comme à droite, et il se reflète clairement dans la vie politique", poursuivait-il. Des conservateurs trumpistes comme Tucker Carlson, qui martèlent « L’Amérique d’abord, pas Israël d’abord », figuraient également parmi les cibles de ce sommet.
Mike Waltz, ambassadeur américain à l’ONU, défendait pour sa part l’idée que les "valeurs judéo-chrétiennes" constituaient le cœur de l’alliance américano-israélienne, ajoutant : "L’armée israélienne courageuse se bat, à bien des égards, pour nous". Une remarque d’autant plus frappante qu’un ministre israélien, en contradiction avec la politique syrienne de Trump, défendait les opérations militaires et les occupations menées par Israël en Syrie.
Dans une tribune publiée le 5 décembre dans "Israel Hayom" et intitulée "D’autres Mamdani vont arriver et Trump ne pourra pas les arrêter", le journaliste Yoav Limor soulignait que la guerre d’influence visant les jeunes Américains était perdue par Israël. Limor mettait en garde contre l’idée de considérer l’élection municipale new-yorkaise comme un simple événement local : "Mamdani représente quelque chose, et ce quelque chose est très inquiétant pour les États-Unis, pour les Juifs américains et pour l’État d’Israël". Selon lui, en Israël, beaucoup croient encore que Trump résoudra ces problèmes, et si Trump n’y parvient pas, que l’"American Israel Public Affairs Committee" (AIPAC) saura prendre les mesures nécessaires pour remettre les choses en ordre. Limor poursuit :
"Le problème, c’est que la réalité montre que les choses ne vont pas bien du tout. Non seulement parce que Trump ne restera pas président éternellement et qu’au sein même du Parti républicain de nombreuses voix s’éloignent désormais ouvertement d’Israël, mais aussi parce que, dans le discours politique américain, Israël – longtemps considéré comme une fleur protégée – est en train de se transformer en un fruit toxique."
Le "Sommet Israel Hayom" a ainsi pris la forme d’une véritable complainte face au basculement des jeunes Américains contre Israël. Comme tant d’autres événements sionistes avant lui, il s’est mué en un mur des lamentations. L’ordre du jour du sommet montre que les débats autour de l’opinion publique, des jeunes générations et des batailles narratives entourant Israël sont désormais au cœur d’une discussion beaucoup plus vaste aux États-Unis.
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