Le changement climatique est devenu ici une réalité palpable au quotidien, et d'une saison à l'autre, le décor naturel change.
Les berges des îles reculent déjà en moyenne d'un demi-mètre par an, selon une étude de l'Université du Québec à Rimouski (UQAR). Et, pour Diane Saint-Jean et sa compagne, derrière ce chiffre: l'angoisse.
Les deux femmes habitent La Martinique, une étroite bande de terre qui relie les deux principales îles.
Évoquer l'érosion est un sujet sensible sur ces îles peuplées depuis le 18e siècle et situées au sud-ouest de Saint-Pierre et Miquelon, à plus de cinq heures de bateau de la côte. Tous ont des souvenirs d'endroits aujourd'hui disparus, de maisons qui ont dû être déplacées, car elles risquaient d'être emportées à tout moment.
Sur l'île principale, Cap-aux-Meules, quand en 2018 une partie de la falaise est tombée, elle a emporté la piste cyclable et laissé le cimetière, l'hôpital et la maison de retraite en première ligne face aux vagues.
En 2022, la municipalité a donc dû créer une plage de gravier: 143.000 tonnes de roches de diverses tailles, transportées par bateau, ont été déposées sur un tronçon de plus de 800 mètres pour rehausser la rive.
On ne pourra peut-être pas tout protéger, il y aura des coins qui vont être appelés à changer.
Car les épisodes de météo extrême sont plus nombreux, plus dévastateurs et plus fréquents, en raison du changement climatique.
L'île est par ailleurs en train de perdre l'un de ses remparts pendant les longs mois d'hiver: la glace. Celle-ci a toujours servi de bouclier, son absence laisse aujourd'hui les côtes totalement exposées aux tempêtes hivernales.
Et, le grès rouge des falaises est rendu plus friable par les épisodes de gel et de dégel, plus fréquents dorénavant.
Outre de la sensibilisation, notamment dans les écoles, son organisme travaille dans les dunes sur des solutions douces pour les revégétaliser et ainsi retenir le sable.
Car les îles sont aussi aujourd'hui menacées par la submersion, à la fois en raison de l'élévation du niveau de la mer comme partout autour du globe, mais aussi car elles continuent de s'enfoncer. Mayka Thibodeau estime que:
Il faut prendre en compte des scénarios réalistes et ne plus faire l'autruche
C'est collectivement qu'il faut agir, le geste individuel n'a pas de sens si le collectif ne s'y met pas.
Il faut aussi qu'ils se sentent concernés sans qu'ils ne développent pour autant de l'écoanxiété.