Gaz à effet de serre: Méthane et protoxyde d'azote dans le collimateur

11:058/10/2024, mardi
AFP
Des membres du groupe d'activistes écologistes Extinction Rebellion ont organisé un rassemblement pour la Journée de la Terre le 22 avril 2024 à Washington, DC.
Crédit Photo : Kevin Dietsch/Getty Images / AFP
Des membres du groupe d'activistes écologistes Extinction Rebellion ont organisé un rassemblement pour la Journée de la Terre le 22 avril 2024 à Washington, DC.

Bien que le CO₂ soit le principal gaz à effet de serre, le méthane, le protoxyde d'azote et les gaz fluorés jouent un rôle crucial dans le réchauffement climatique. Leur réduction est désormais une priorité.

Si le dioxyde de carbone (CO₂) est le gaz à effet de serre le plus connu, d'autres, moins familiers au grand public, jouent un rôle important dans le réchauffement climatique et retiennent de plus en plus l'attention des chercheurs et des responsables politiques.


Ainsi, le méthane (CH₄), le protoxyde d'azote (N₂O) et certains gaz fluorés contribuent également au réchauffement mondial.


"Le CO₂ représente environ deux tiers du réchauffement attribuable aux gaz à effet de serre"
, résume Piers Forster, professeur à l'université de Leeds et auteur au GIEC, le groupe d'experts mandaté par l'ONU. Mais d'autres gaz, à commencer par le méthane, jouent également un rôle important.

Le méthane


Le méthane (CH₄) est le deuxième gaz à effet de serre émis par les activités humaines après le CO₂.


Environ 40 % du méthane provient de sources naturelles, notamment des zones humides, mais la majorité (environ 60 %) est liée aux activités humaines, telles que l'agriculture (élevage des ruminants et culture du riz), les énergies fossiles (le gaz naturel est du méthane) et les déchets en décomposition.


Son pouvoir de réchauffement est 84 à 87 fois supérieur à celui du CO₂ sur une période de 20 ans,
bien que sa durée de vie soit plus courte, ce qui en fait un levier important pour tenter de limiter le réchauffement à court terme.

Réduire les émissions de méthane
"aurait un fort effet de refroidissement (ou de réduction du réchauffement) à court terme car les concentrations atmosphériques de méthane chuteraient rapidement"
, explique Mathijs Harmsen, chercheur à l'Agence d'évaluation environnementale néerlandaise PBL.

"Les politiques devraient se concentrer sur les mesures les plus faciles et peu coûteuses, telles que la réduction des fuites de gaz naturel"
, suggère-t-il.

Pour l'instant, malgré un engagement mondial pour réduire les émissions, signé par de nombreux pays, dont ceux de l'UE et les États-Unis, la tendance n'est pas positive.


"Le méthane augmente plus rapidement en termes relatifs que tout autre gaz à effet de serre majeur et est désormais à des niveaux 2,6 fois plus élevés qu'à l'époque pré-industrielle"
, écrivait récemment une équipe internationale de scientifiques sous l'égide de l'organisation Global Carbon Project.

Le protoxyde d'azote (N₂O)


L'oxyde nitreux ou protoxyde d'azote (N₂O), troisième gaz à effet de serre, est près de 300 fois plus puissant que le CO₂ sur une période de 100 ans.


Il est principalement émis par les engrais de synthèse azotés et le fumier utilisés dans l'agriculture. D'autres émissions proviennent d'activités humaines (industrie chimique, eaux usées, combustibles fossiles) ou de sources naturelles (sols, océans).


"Les émissions mondiales d'origine humaine, dominées par les apports en azote sur les cultures, ont augmenté de 30 % au cours des quatre dernières décennies"
, concluait en 2020 une grande étude publiée dans Nature.

Une solution réside dans une utilisation plus efficace des engrais.

"Deux tiers du potentiel d'atténuation du changement climatique lié au N₂O pourraient être réalisés en réduisant les engrais sur seulement 20 % des terres cultivées mondiales, notamment dans les régions agricoles subtropicales humides"
, écrivait le chercheur français Philippe Ciais en 2021.

Les gaz fluorés


Les gaz à effet de serre fluorés (PFC, HFC et SF₆) sont de puissants gaz à effet de serre présents dans les systèmes de réfrigération, les pompes à chaleur, les climatiseurs ou encore les réseaux électriques.


Bien qu'ils soient utilisés en quantités bien plus faibles que les autres gaz, ils se distinguent par leur très fort pouvoir de réchauffement:
le SF₆, présent dans les transformateurs électriques, a ainsi un effet de serre 24 000 fois supérieur à celui du CO₂ sur une période de 100 ans.

Le Protocole de Montréal (Canada), signé en 1987 et ratifié par 195 pays, a déjà permis de réduire considérablement la quantité d'un autre gaz (les CFC) destructeur de la couche d'ozone. En 2016, l'accord de Kigali a également prévu l'élimination progressive des HFC.


L'UE a également conclu l'an dernier un accord visant à interdire progressivement la vente d'équipements contenant des gaz fluorés, notamment les HFC, afin de les éliminer complètement d'ici 2050.


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