"Il continue de vivre en moi", témoigne le père de Wadea, un enfant palestinien poignardé à mort aux États-Unis

17:4714/10/2024, Pazartesi
MAJ: 14/10/2024, Pazartesi
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Odai Al-Fayoume, le père de Wadea, un enfant palestinien âgé de 6 ans, tué par le propriétaire du logement familial, le 14 octobre 2023.
Crédit Photo : X /
Odai Al-Fayoume, le père de Wadea, un enfant palestinien âgé de 6 ans, tué par le propriétaire du logement familial, le 14 octobre 2023.

"Il continue de vivre en moi. Je lui parle. Je l'entends. Je le vois. Je sais qu'il est dans un endroit meilleur maintenant", confie Odai Al-Fayoume, le père de Wadea, un enfant palestinien âgé de seulement 6 ans, brutalement arraché à la vie dans sa propre maison par le propriétaire du logement familial, le 14 octobre 2023.

Dans une interview exclusive accordée à l'agence Anadolu, un an après le crime qui a bouleversé non seulement la famille Al-Fayoume mais aussi la communauté musulmane de Chicago, Odai Al-Fayoume, le père de Wadea, revient sur cette tragédie.


Avec une douleur palpable dans sa voix, les yeux larmoyants, au souvenir de cette journée qui a changé sa vie à jamais, Odai explique:
"Je ne sais toujours pas exactement ce qu'il s'est passé ce jour-là".

Il se rappelle qu'il s'apprêtait à commencer sa journée de travail quand il a reçu un appel téléphonique d'un policier. Après avoir vérifié son identité, l'agent a prononcé cette phrase foudroyante:
"Wadea a été tué".

Conduit à l'hôpital par un ami, Odai a appris que son fils avait été poignardé à mort et que son ex-femme se trouvait dans un état critique. À l'hôpital, peu d'informations lui ont été fournies.


"Ils m'ont simplement dit de rentrer chez moi",
se souvient-il.

De retour à la maison, après plus de 10 heures d'angoisse, il a finalement reçu un message de son ex-épouse, décrivant les événements horribles de cette journée.


Elle lui a appris que le propriétaire était venu lui dire qu'il avait écouté un discours de Joe Biden ce jour-là, où ce dernier aurait affirmé avoir vu
"de ses propres yeux des Palestiniens tuer des enfants israéliens et leur couper la tête".

L'homme, déjà agité et furieux, n'a pas été calmé malgré ses tentatives pour apaiser la situation en disant:
"Prions pour eux, prions pour la paix".
La tension a continué de monter.

Le propriétaire, hors de lui, lui a alors ordonné de quitter sa maison. Face à son refus, il s'est précipité dans la cuisine, a saisi un couteau et l'a poignardée à 12 reprises. Parvenant à s'échapper, elle s'est enfermée dans la salle de bain.

Mais l'homme ne s'est pas arrêté là. Il s'est alors dirigé vers le petit Wadea, le poignardant 26 fois avec une violence inouïe.


"Il n'était pas seulement mon fils, il représentait mes rêves"


Le père de Wadea se confie:
"Dans notre culture, quand nous étions enfants, nos parents nous demandaient ce que nous voulions devenir plus tard et quels seraient les prénoms de nos enfants. Je leur disais: quand je serai grand, j'aurai deux garçons et deux filles. Le premier s'appellera Wadea. Quant à la deuxième, j'aimerais qu'elle soit une fille et je lui donnerai le prénom de Meryem, en hommage à ma mère, décédée il y a bien longtemps".

Il remercie Dieu d'avoir eu Wadea et d'avoir pu réaliser ce qu'il appelait
"son rêve".
Et de lâcher la voix tremblante:

Il continue de vivre en moi.

“Je lui parle. Je l'entends. Je le vois. Je sais qu'il est dans un endroit meilleur maintenant".

Le père endeuillé prononce ensuite ces paroles poignantes:


Je n'avais rien de plus précieux que lui. Je dédie son martyr à Gaza. Cela signifie que son âme n'est pas plus précieuse que celle de tout autre enfant de Gaza.

Des réponses toujours en suspens, une justice non-rendue


Alors qu'un an s'est déjà écoulé depuis la mort de Wadea, Odai poursuit sa quête de justice. Il déplore la lenteur du processus judiciaire et se plaint qu'à chaque audience, une nouvelle date de procès lui est donnée car
“le rapport du FBI n'est toujours pas achevé".

Odai explique qu'il y a un mois, lors de la dernière audience, il a reçu deux nouvelles. La bonne nouvelle était que la prochaine audience, initialement prévue pour juillet 2025, a été avancée au mois de mars 2025.


Cependant, la mauvaise nouvelle a été bien plus troublante pour lui: l'accusé, souffrant d'un cancer, refuse de se faire soigner, ce qui signifie qu'il pourrait mourir avant le procès. Si cela arrivait, l'affaire serait tout simplement classée, sans suite possible.

Odai ne cache pas son désarroi face à cette situation:
"Si cela arrive, on ne pourra rien faire".

Pour moi, ce n'est pas cet homme qui a tué mon fils. Il n'était qu'un outil utilisé pour commettre ce crime. Mais qui l'a utilisé ? Les médias, Joe Biden, Israël ? Je n'en sais rien.

"Je veux que cet homme dise la vérité, qu'il admette qu'il a entendu les informations qui l'ont mis en colère, et que c'est ce qui l'a poussé à aller tuer",
a-t-il poursuivi.

Il affirme que sur les faits au poste de police, cet homme avait avoué ceci mais que les rapports ont disparu.

"C'est comme si tout cela était un plan. Si cet homme meurt, l'affaire sera close, et nous n'aurons jamais les réponses que nous cherchons".

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