Tunisie: des centaines de personnes manifestent à l'occasion du 13ème anniversaire de la révolution
19:3014/01/2024, Pazar
MAJ: 14/01/2024, Pazar
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Crédit Photo : FETHI BELAID / AFP
Des Tunisiens brandissant des drapeaux nationaux et palestiniens lors d'une manifestation marquant le 14e anniversaire de la révolution de 2011 et appelant à la libération des opposants au président sur l'avenue Habib Bourguiba à Tunis, le 14 janvier 2024.
Des centaines de personnes ont participé, dimanche, à des manifestations dans la capitale Tunis, "pour commémorer le 13e anniversaire de la révolution, exiger la libération des détenus politiques et dénoncer la situation politique, économique et sociale dans le pays".
Le Front du Salut, coalition d'opposition, a appelé à une manifestation pour commémorer le 13e anniversaire de la révolution tunisienne (17 décembre 2010 - 14 janvier 2011) et pour exiger la libération des détenus politiques.
La Coordination des Forces Démocratiques Progressistes (Parti des Travailleurs/de gauche, Courant Démocratique/centriste, Ettakatol/centriste et le Pôle/de gauche) ainsi que des militants de la société civile ont également appelé à une manifestation pour commémorer la révolution en signe de protestation contre la détérioration de la situation politique, économique et sociale dans le pays.
Le 14 janvier 2011, la rue Habib Bourguiba, au centre de la capitale, a été le théâtre de la plus grande manifestation de son histoire, alors que des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés devant le siège du ministère de l'Intérieur, pour exiger le départ du président Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).
La manifestation du Front du Salut avait pour point de départ la place de la République de la capitale en direction du Théâtre municipal de la rue Habib Bourguiba, au cours de laquelle les participants ont brandi des slogans tels que
"Le peuple veut renverser le coup d'État"
et
"Nous nous engageons à libérer les détenus".
En marge de cette action, le leader du Front et porte-parole du Mouvement Ennahdha, Imed Khemiri, a déclaré à Anadolu :
"Célébrer l'anniversaire de la révolution a une grande symbolique, surtout à la lumière de ce à quoi nous assistons, soit le déclin des acquis de la révolution."
Khemiri a critiqué ce qu'il considère comme
"une attaque contre la Constitution et les institutions constitutionnelles, ainsi que les droits et les libertés pour lesquels les Tunisiens se sont battus, comme la liberté d'expression et d'organisation".
Il a ajouté :
"Nous sommes engagés dans un dialogue national non exclusif qui rassemble tous les Tunisiens pour de véritables réformes, sur la base de la restauration de la légitimité du peuple, des droits électoraux présidentiels et de la fin de la division".
De son côté, le secrétaire général du mouvement Ennahdha, Ajmi Ourimi, a déclaré à Anadolu que
"les Tunisiens croient toujours aux principes de la révolution".
Et de poursuivre :
La transition démocratique est très importante pour le pays. Les revendications de liberté et d'amélioration des conditions de vie et de l'économie sont très importantes.
À son tour, le chef du Parti du courant démocratique, Hicham Ajbouni, à Anadolu :
Notre position s'inscrit dans le cadre de la célébration de la Journée de la révolution à laquelle nous croyons toujours.
"Nous en sommes venus à dire que la révolution a apporté des revendications de travail, de liberté et de dignité nationale. Malheureusement, ces acquis ont connu un déclin majeur après 13 ans. Il y a un très grave déclin des libertés, et de nombreux hommes politiques sont détenus... depuis plus de 10 mois",
a-t-il souligné.
Il n'y a eu aucun commentaire immédiat de la part des autorités tunisiennes sur les déclarations des dirigeants du Front du Salut et du Mouvement démocratique.
Depuis le 11 février dernier, le pays a connu une campagne d'arrestations impliquant des hommes politiques, des professionnels des médias, des militants, des juges et des hommes d'affaires.
Le président Kais Saied a accusé certaines des personnes arrêtées de
"conspirer contre la sécurité de l'État et d'être à l'origine des crises dans la distribution des marchandises et de la hausse des prix".
Depuis plus de deux ans, le pays connaît une grave crise politique, le président Saied ayant initié des mesures exceptionnelles, que ses opposants considèrent comme
"un coup d'État contre la Constitution révolutionnaire (la Constitution de 2014)",
tandis que les partisans du président y voient
"une correction du cours de la révolution de 2011".