Samedi, les Forces de soutien rapide (FSR) ont annoncé avoir infligé un nouveau revers à l'armée en capturant une de ses bases à Sinja, capitale de l'État de Sennar (sud-est), provoquant la fuite de milliers de personnes, selon des témoins.
Comme elle, beaucoup ont été déplacés plusieurs fois depuis le début de la guerre, en avril 2023, entre les paramilitaires du général Mohammed Hamdane Daglo et l'armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane.
Des centaines de milliers de personnes avaient trouvé refuge à Wad Madani avant que la prise par les paramilitaires de la ville, en décembre, n'en force une partie à fuir vers l'État de Sennar, alors sous contrôle de l'armée.
Avant la guerre, Mme Ahmed était institutrice. Désormais, elle compte sur les petits boulots que son mari, ancien employé du secteur privé, a pu décrocher sur les marchés de Wad Madani puis de Sinja.
Devant l'avancée des paramilitaires, Gedaref et l'État voisin du Nil Bleu ont décrété dimanche un couvre-feu nocturne.
Des témoins ont rapporté que des combattants des FSR étaient entrés dans plusieurs villages le long du Nil Bleu sinueux, des habitants embarquant dans des bateaux en bois pour fuir de l'autre côté du fleuve.
Partout où ils sont passés pendant leur longue mais implacable descente vers le sud, les paramilitaires juchés sur des pick-up ont tout pillé, provoquant la fuite des habitants terrifiés.
D'autres images montrent les routes qui partent de Sinja prises d'assaut par des habitants fuyant les combats.
Sakina Omar, après avoir fui une première fois la capitale Khartoum pour Sinja en janvier, se dirige cette fois-ci vers l'État du Nil Bleu où son "mari a de la famille".
Alors que la ligne de front s'était stabilisée au nord de la ville de Sennar, les FSR l'ont contournée pour atteindre Sinja, faisant une percée sur plus de 50 km.
À l'autre bout du pays, les FSR assiègent la ville d'el-Facher, chef-lieu de l'État du Darfour-Nord, seule capitale des cinq États du Darfour à échapper aux paramilitaires.
Les deux belligérants ont été accusés de crimes de guerre pour avoir visé délibérément des civils et bloqué l'aide humanitaire.
Les États-Unis ont accusé les paramilitaires de nettoyage ethnique et de crimes contre l'humanité.