Wagman décrit les bombardements israéliens comme étant systématiques et dévastateurs, affirmant que la population de Gaza est habituée aux frappes, mais que cette fois-ci, l'ampleur des destructions dépasse tout ce qui a été vécu auparavant:
"Les Gazaouis ont l'habitude [des bombardements], mais cette fois-ci, c'est différent. Il n'en reste plus grand-chose. L'ensemble de l'infrastructure civile a été rasé"
, déplore-t-il.
Destruction de l'infrastructure civile
Dans son discours, Wagman met l'accent sur l'anéantissement des infrastructures civiles essentielles, en soulignant l'ampleur des dégâts:
"Il ne reste que quelques hôpitaux encore debout, et ceux qui fonctionnent ne le font que partiellement".
Les écoles, les universités, tout est détruit. Les infrastructures vitales, comme les systèmes d'approvisionnement en eau et en électricité, n'existent plus.
Ce constat illustre la gravité de la situation à Gaza, où la vie quotidienne est pratiquement impossible à maintenir sans ces infrastructures de base.
Wagman évoque aussi des projets soutenus par son organisation, l'UJFP, qui ont été complètement détruits par l'aviation israélienne. Depuis 2016, l'UJFP a financé des initiatives agricoles près du village de Khusa, dans le centre de la bande de Gaza, grâce à des souscriptions populaires.
Mais comme le souligne Wagman, ces projets n'ont pas été épargnés:
"Le château d'eau, les installations d'irrigation, la pépinière... tout a été rasé"
.
Selon lui, cette destruction n'est qu'un exemple parmi tant d'autres, mettant en lumière l'objectif de faire disparaître toute forme d'organisation et de résilience à Gaza.
Des privations délibérées: un moyen de contrôle
Au-delà des frappes aériennes, Wagman souligne les privations imposées aux Gazaouis comme un outil de guerre.
L'accès à l'eau, à l'électricité, aux médicaments et au carburant est sévèrement limité, transformant Gaza en un territoire où la survie quotidienne devient un défi.
Et d'affirmer:
Les quantités d'aide humanitaire qu'Israël laisse passer sont insignifiantes. En regard des besoins réels, c'est pour cela que nous parlons de génocide.
Selon Wagman, le contrôle des ressources vitales fait partie intégrante de la stratégie israélienne pour affaiblir la population palestinienne. En effet, il affirme qu'il ne s'agit pas seulement d'une guerre militaire, mais d'une guerre contre les conditions de vie des Gazaouis.
"En plus des bombardements, qui ont fait un grand nombre de morts et de blessés, il y a la privation d'eau, d'électricité, de médicaments, de carburant... Cela a fait des dizaines de milliers de victimes supplémentaires",
a-t-il indiqué.
Un bilan humain effrayant
Le président d'honneur de l'UJFP révèle des chiffres effarants sur le nombre de morts et de blessés à Gaza:
"Il y a plus de 41 000 morts recensés, et encore, ce nombre est probablement sous-estimé"
.
Wagman déclare que plusieurs milliers de Gazaouis pourraient être encore sous les décombres, oubliés, car les infrastructures de sauvetage et de soin sont elles-mêmes détruites ou gravement endommagées
.
En plus de ces victimes directes, il évoque les décès dus à la famine, au manque d'accès à l'eau potable et à l'absence de soins médicaux.
Accusant ouvertement Israël de vouloir anéantir la population de Gaza par la destruction systématique de leur environnement et de leurs moyens de subsistance, Wagman ne mâche pas ses mots en parlant des intentions qui, selon lui, sous-tendent ces attaques. Et de poursuivre:
Les déclarations des dirigeants israéliens laissent entrevoir des intentions génocidaires.
Un "conflit asymétrique" et une guerre "offensive"
Wagman rejette l'idée que cette guerre soit une guerre de
de la part d'Israël, qualifiant plutôt les actions israéliennes de pure offensive.
"Israël ne se défend pas, Israël attaque. Si Israël voulait réellement se défendre, il suffirait de lever le blocus de Gaza, de libérer les prisonniers politiques et d'accorder aux Palestiniens leurs droits fondamentaux"
, argumente-t-il. Il critique sévèrement l'argument israélien de la légitime défense et insiste sur le caractère profondément asymétrique du conflit.
Selon Wagman, Israël a choisi de prolonger la guerre au lieu de chercher la paix. Il rappelle que plusieurs conditions existent pour mettre fin au conflit, telles que la fin de l'occupation de la Palestine occupée et de Jérusalem, ou l'égalité des droits entre Juifs et Arabes citoyens d'Israël.
Cependant, ces options sont ignorées par les dirigeants israéliens, qui, selon lui, préfèrent une politique de colonisation et d'apartheid.
Un appel à la reconnaissance des droits des Palestiniens
Pour Richard Wagman, la reconnaissance des droits des Palestiniens, notamment le droit au retour des réfugiés et l'égalité des droits pour tous, est une condition essentielle à la paix dans la région.
"La fin de cette guerre ne viendra pas par plus de violence, mais par une justice réelle et équitable pour les Palestiniens",
conclut-il, appelant la communauté internationale à agir avec fermeté pour arrêter les violences et lever le blocus imposé à Gaza.
En plus de son analyse sur la destruction de Gaza, Wagman a soulevé d'autres points clés tout au long de l'interview, notamment sur l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023.
Il a reconnu la
de l'action du Hamas contre les installations militaires israéliennes, tout en condamnant les attaques contre les civils israéliens.
"La résistance palestinienne a le droit de répondre à l'occupation, mais cibler des civils est inacceptable. Ces actes sont des crimes de guerre"
, a-t-il déclaré.
Wagman n'a pas manqué d'aborder la responsabilité du gouvernement israélien dans ce conflit prolongé. Il a critiqué Benyamin Netanyahu, qu'il accuse de prolonger la guerre pour se maintenir au pouvoir, et a dénoncé le rôle de figures politiques extrémistes au sein du gouvernement israélien. Selon lui, cette guerre sert des objectifs politiques, notamment pour échapper à la justice.
Enfin, Wagman a dénoncé l'inaction de la communauté internationale, qu'il considère complice de la situation à Gaza par son silence et son soutien implicite à Israël. Il a appelé à une prise de position plus ferme, notamment de la part des gouvernements européens et américains, pour mettre fin à cette tragédie humaine.
Pour rappel, Israël fait face à des accusations de génocide devant la Cour internationale de Justice.