Fonds publics européens: le procès du premier parti d'extrême droite français s'ouvre à Paris

10:5830/09/2024, Pazartesi
AFP
La députée française et présidente du groupe Rassemblement National (RN), Marine Le Pen.
Crédit Photo : LUDOVIC MARIN / AFP
La députée française et présidente du groupe Rassemblement National (RN), Marine Le Pen.

Le procès du Rassemblement national, de sa cheffe de file Marine Le Pen et de 24 autres personnes, soupçonnés d'avoir détourné des fonds du Parlement européen pour payer des salariés de la formation, s'ouvre lundi à Paris avec de lourds enjeux politiques.

L'affaire, qui met en cause le premier parti d'extrême droite français, a débuté en 2015 par un signalement de la présidence du Parlement européen et concerne des nombreux contrats d'attachés parlementaires sur une période de plus de dix ans (2004-2016). 


Pour l'accusation, ces
"assistants"
, bien en peine de décrire leurs tâches, n'en avaient que le titre. Certains n'avaient jamais mis les pieds au Parlement et ne travaillaient, selon l'accusation, que pour le parti - ce qui est interdit par la réglementation européenne.

Vont comparaître neuf anciens eurodéputés du Front national (rebaptisé Rassemblement national), dont Marine Le Pen, Louis Aliot, aujourd'hui vice-président du RN, l'ex-numéro 2 du parti Bruno Gollnisch, ou encore le député et porte-parole du RN Julien Odoul. 

A leurs côtés, 12 personnes ayant été leurs assistants parlementaires et quatre collaborateurs du parti seront aussi jugés dans ce procès prévu trois demi-journées par semaine jusqu'au 27 novembre.


Marine Le Pen a fait savoir qu'elle comptait se rendre autant que possible aux audiences mais, mardi, elle pourrait privilégier la déclaration de politique générale du nouveau Premier ministre conservateur Michel Barnier à l'Assemblée nationale.

Le RN joue un rôle clé pour la stabilité du nouvel exécutif français, difficilement mis en place plus de deux mois après des législatives anticipées. La formation peut le faire chuter si elle décide de joindre ses voix à celles de la gauche en cas de motion de censure.  


"Faire de la politique"


Les prévenus, jugés notamment pour détournement de fonds publics ou complicité de ce délit, encourent un maximum de dix ans d'emprisonnement et un million d'euros d'amende, ainsi qu'une peine d'inéligibilité de dix ans susceptible d'entraver les ambitions présidentielles de Marine Le Pen pour 2027.

Toutefois,
"il n'y a pas de raison qu'elle soit déclarée inéligible puisque François Bayrou, poursuivi pour les mêmes faits, président de parti politique lui aussi (du parti centriste MoDem), a été relaxé. Donc ce qui vaut pour l'un devrait valoir pour l'autre"
, a estimé le député RN Sébastien Chenu, promettant sur la radio RTL que Mme Le Pen avancerait
"un certain nombre de nouveaux éléments".

Le Parlement européen, partie civile, a évalué son préjudice financier à trois millions d'euros. Il ne réclamera que deux millions, un million ayant déjà été remboursé.

Le parquet de Paris a évoqué en septembre 2023
"un véritable système mis en place pour faire supporter, par le Parlement européen, une partie des charges de fonctionnement du FN via la prise en charge des salaires d'un nombre croissant de ses employés".

Ce
"système"
, validé par le fondateur du FN Jean-Marie Le Pen puis sa fille, selon l'accusation, se serait accéléré avec l'entrée au Parlement en 2014 de 23 eurodéputés FN (contre trois auparavant).

Jean-Marie Le Pen, 96 ans, ne comparaîtra pas, une expertise ayant déterminé qu'il n'était pas
"en état"
d'être jugé pour des raisons de santé, comme l'ex-eurodéputé Jean-François Jalkh.

La plupart des prévenus contestent en bloc, évoquant une
"mutualisation"
du travail des assistants parlementaires. Le RN dénonce depuis des années un
"acharnement"
, voire une procédure
"politique"
.
"C'est un règlement de compte politique de la majorité du Parlement européen"
, a ainsi estimé auprès de l'AFP l'avocat et eurodéputé RN Alexandre Varaut.

Mi-septembre, Marine Le Pen, une ex-avocate de 56 ans, a indiqué dans le quotidien Le Parisien qu'elle tenterait de faire valoir à la barre que les assistants parlementaires ne sont
"pas des salariés du Parlement européen"
et qu'ils ont
"évidemment vocation, pour un certain nombre d'entre eux, à faire de la politique".

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