L'écrivain ougandais Kakwenza Rukirabashaija.
Un tribunal ougandais a ordonné jeudi au gouvernement de verser des dommages et intérêts à un écrivain, aujourd'hui en exil, après avoir reconnu qu'il avait été détenu illégalement et torturé quatre ans auparavant.
Kakwenza Rukirabashaija, qui a quitté l'Ouganda pour s'établir en Allemagne en 2022, est une figure critique, notamment sur internet, du président de ce pays d'Afrique de l'Est, Yoweri Museveni, et de son fils, Muhoozi Kainerugaba.
Cet écrivain de 36 ans a été emprisonné à trois reprises. Des documents judiciaires révèlent qu'il a été torturé et privé de nourriture, de sommeil et de soins médicaux lors de sa détention en avril 2020.
"Les preuves montrent qu'il a été détenu illégalement pendant sept jours, soumis à la torture et à des violations de son droit à la vie privée",
a déclaré Boniface Wamala, juge à la Haute Cour de Kampala, dans une décision communiquée aux avocats de l'écrivain.
Et d'ajouter:
Les agents (du gouvernement) ont agi de manière autoritaire et sans rendre de comptes.
"Leur conduite a été inconstitutionnelle, oppressive et arbitraire, justifiant l'octroi de dommages et intérêts exemplaires",
a-t-il jugé, ordonnant le versement d'environ 13 500 dollars (environ 12 500 euros).
M. Wamala a toutefois précisé que la détention de M. Rukirabashaija n'était pas directement liée à son activité d'écrivain.
Après sa troisième détention en 2022, M. Rukirabashaija a été accusé d'avoir
"offensé"
le président Museveni et son fils, suite à une série de messages critiques publiés sur Twitter (aujourd'hui X).
L'avocat de l'écrivain, Eron Kiiza, a salué la décision du tribunal, affirmant à l'AFP que
"justice a été rendue".
"Mais nous nous attendions à ce que les responsables des actes de torture soient poursuivis individuellement",
a-t-il toutefois souligné.
M. Rukirabashaija a été salué par la critique pour son roman satirique publié en 2020,
"The Greedy Barbarian" ("Le barbare cupide",
non traduit en français), qui dépeint la corruption à grande échelle dans un pays fictif.
En 2021, il a reçu le prix littéraire PEN Pinter dans la catégorie
"Auteur de courage".
À lire également:
À lire également:
#Ouganda
#politique
#littérature
#crime
#indemnisation
#tribunal