Le Mozambique à un moment "crucial", dit le principal opposant en exil

12:517/11/2024, Thursday
AFP
Le candidat à la présidence du Parti optimiste pour le développement du Mozambique (Podemos) Venancio Mondlane (C) s'exprime lors d'une conférence de presse après avoir voté dans un bureau de vote à Maputo, le 9 octobre 2024, lors des élections nationales au Mozambique.
Crédit Photo : ALFREDO ZUNIGA / AFP
Le candidat à la présidence du Parti optimiste pour le développement du Mozambique (Podemos) Venancio Mondlane (C) s'exprime lors d'une conférence de presse après avoir voté dans un bureau de vote à Maputo, le 9 octobre 2024, lors des élections nationales au Mozambique.

Le Mozambique se trouve à un "moment crucial", affirme dans un entretien à l'AFP le principal opposant Venancio Mondlane, qui a appelé jeudi à une grande marche sur Maputo après des semaines de contestation de la victoire proclamée du parti au pouvoir.

"Je sens qu'il y a une atmosphère révolutionnaire, une atmosphère montrant que nous sommes au bord d'une transition historique et politique unique dans le pays",
a déclaré M. Mondlane dans un entretien en visioconférence jeudi, ajoutant se trouver hors du continent africain pour des raisons de sécurité.

L'opposant a appelé à manifester en six cortèges qui doivent converger vers la présidence.
"Notre objectif n'est pas d'attaquer le palais présidentiel. Je voudrais aussi que cela soit clair",
a souligné celui qui revendique la victoire électorale aux dépens du Frelimo, au pouvoir depuis près d'un demi-siècle.

"Jamais, nous n'avons dit vouloir tenter un coup d'État"
, ajoute M. Mondlane, que les résultats officiels ont crédité de 20 % des voix lors du scrutin du 9 octobre, entaché de multiples irrégularités selon les observateurs internationaux.

"Je voulais tellement être à Maputo avec mon peuple, mais malheureusement j'ai reçu plus de 5 000 messages sur WhatsApp, plus de 10 000 messages sur Facebook, et tout le monde, dans 99 % de ces messages, me dissuadait d'aller à Maputo",
a-t-il poursuivi.

Malheureusement, je ne peux pas y être (...) Certains m'ont même dit que j'avais plus de valeur vivant que mort.

Entre la fermeture du poste frontalier sud-africain de Lebombo et le défilé d'un millier de personnes dans un quartier périphérique de Maputo, une atmosphère de veillée d'armes régnait au Mozambique mercredi avant l'appel à manifester.


Depuis la proclamation de la victoire de Daniel Chapo, le candidat du Frelimo, parti à la tête du pays depuis l'indépendance du Portugal, au moins vingt personnes sont mortes dans des violences post-électorales, d'après le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme.

"Ce ne sont pas des morts, ce sont des meurtres",
dénonce
"Venancio",
comme ses partisans le nomment simplement.

"Les agents du Frelimo ont toujours agi de la sorte. Pour commencer, le Frelimo n'a jamais gagné d'élections depuis 1994. Cela fait 30 ans que le Frelimo se maintient au pouvoir par la force."

"Les gens ont réalisé qu'il n'était pas possible d'apporter des changements profonds au Mozambique sans prendre de risques",
affirme l'ex-animateur de télévision de 50 ans, en habituel gilet sans manche enfilé sur son polo.

Ils ont compris que maintenant, il faut se libérer de l'intimidation, du terrorisme d'État.

D'après l'ordre des avocats mozambicains,
"les conditions sont réunies pour un bain de sang"
jeudi. Son président a appelé mercredi à ce que l'
"annulation des élections" soit "mise sur la table".

Mardi, le ministre de la Défense Cristovao Chume a menacé d'envoyer l'armée pour mettre fin à ces manifestations post-électorales qui visent selon lui à renverser le gouvernement.

"Les manifestations violentes sèment la haine entre frères, détruisent les infrastructures (...) Il y a une intention de changer le pouvoir démocratiquement établi. Si l'escalade de la violence se poursuit, les forces armées devront protéger les intérêts de l'État",
a-t-il déclaré devant la presse.

D'après l'ONG anticorruption Public Integrity Center (CIP), les élections générales du 9 octobre sont
"les plus frauduleuses depuis 1999".

À lire également:






#Mozambique
#élections
#manifestation
#droitshumains
#politique
#Venâncio Mondlane