L'Union européenne n'a pas beaucoup changé sa position à l'égard de la Türkiye. Néanmoins, la Türkiye a accéléré le processus d'avancement des négociations d'adhésion avant que les relations, au moins au niveau politique, ne se détériorent.
Lorsque l'Union européenne publiera mercredi ses rapports annuels sur les progrès des pays candidats vers les normes européennes, tous les regards seront tournés vers l'Ukraine et la Moldavie.
La Türkiye, candidate officielle à l'adhésion depuis 1999, sera à peine évoquée, mais cela n'a pas toujours été le cas. Lorsque les dirigeants européens ont approuvé l'ouverture des négociations d'adhésion avec la Türkiye en 2004, le premier ministre britannique de l'époque, Tony Blair, avait salué un événement historique qui n'avait rien d'un choc des civilisations. Mais les dirigeants européens de l'époque se sont retrouvés coincés dans un bras de fer avec Ankara au sujet de l'île divisée de Chypre. Cette crise n'était qu'un avant-goût de la turbulence des relations. Aujourd'hui, les liens sont plus transactionnels que partenariaux, même si aucune des deux parties ne l'admet ouvertement. Les experts soulignent néanmoins que les relations peuvent s'améliorer dans un nombre limité de domaines.
Des fonctionnaires européens affirment en privé que ce serait plus honnête, mais personne ne veut faire le premier pas.
Après les élections turques de mai, les dirigeants européens ont ravivé l'espoir d'une amélioration. Ils ont demandé à l'organe exécutif de l'UE et à son responsable de la politique étrangère de préparer un rapport sur la manière de développer les relations. Ce rapport doit être présenté avant le prochain sommet des dirigeants européens, qui se tiendra en décembre, mais les experts et les fonctionnaires de l'UE mettent en garde contre toute amélioration réelle des relations.
La nature transactionnelle de la relation Türkiye-UE s'est approfondie après que les deux parties ont conclu un accord en 2016 en vertu duquel l'UE a versé des milliards d'euros à Ankara pour stopper l'arrivée de migrants en Europe après la crise des réfugiés de 2015.
Le rapport prévu pour la fin de l'année recommandera probablement une mise à jour de l'union douanière, pour laquelle le ministre turc du Commerce s'est rendu à Bruxelles en octobre afin d'obtenir des soutiens.
De nombreux observateurs et Turcs recherchent la clarté, tandis que d'autres estiment que le clou a été fermement enfoncé dans le cercueil lorsque le président français de l'époque, Nicolas Sarkozy, et l'ancienne chancelière allemande, Angela Merkel, se sont prononcés ensemble contre l'adhésion de la Türkiye en 2009. Par ailleurs, la Grande-Bretagne, son plus grand défenseur, a quitté l'UE, ce qui a constitué un revers pour la Türkiye.
Toutefois, les États-Unis font pression pour que les négociations d'adhésion ne soient pas interrompues, a déclaré un fonctionnaire de l'UE, Washington souhaitant à tout prix éviter que la Türkiye ne tombe dans les bras de la Russie et se rapproche de l'Occident, dans le contexte de l'attaque de Moscou contre l'Ukraine.
Bruxelles est désormais confrontée à un dilemme plus important concernant l'adhésion future de l'Ukraine, ainsi que les défis et les opportunités qui en découleraient. Un dilemme qui, selon certains, réduit à néant les chances d'adhésion de la Türkiye.
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