Le général Joseph Aoun, commandant en chef de l'armée libanaise, a été élu président de la République après plus de deux ans de vacance du pouvoir. Soutenu par les États-Unis et l'Arabie saoudite, il a prêté serment devant le Parlement, marqué par des négociations de dernière minute. Ce choix intervient après le rôle clé de l'armée dans le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah.
Le commandant en chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun, a été élu jeudi président de la République, mettant ainsi fin à une vacance de plus de deux ans à la tête du pays, une période marquée par des crises économiques et politiques profondes.
Cependant, une rencontre au Parlement entre des représentants des deux formations et le commandant en chef de l'armée entre les deux tours a changé la donne, lui permettant d'obtenir la majorité nécessaire.
Le président élu, vêtu en civil, est entré dans l'hémicycle sous les applaudissements pour prêter serment.
Des ambassadeurs de plusieurs pays, ainsi que l'émissaire français pour le Liban, Jean-Yves Le Drian, ont assisté à la session parlementaire.
Pressions diplomatiques
Les pressions diplomatiques sur les parlementaires se sont intensifiées ces dernières semaines pour favoriser l'élection du commandant en chef de l'armée.
Le Hezbollah, acteur incontournable de la scène politique libanaise, sort affaibli après deux mois de guerre avec Israël et la chute début décembre du président syrien Bachar al-Assad, son principal allié.
Le Liban disposait autrefois d'un régime présidentiel, mais les pouvoirs du chef de l'État ont été réduits par l'accord de Taëf, qui a mis fin à la guerre civile (1975-1990) en renforçant les prérogatives du Conseil des ministres, présidé par un musulman sunnite.
Deux ans de blocage
Depuis la fin du mandat du président sortant Michel Aoun (sans lien de parenté avec Joseph Aoun) en octobre 2022, le Parlement n'était pas parvenu à élire un nouveau président.
Selon des analystes, le rôle crucial joué par l'armée dans la mise en œuvre du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, entré en vigueur le 27 novembre, a pesé lourdement dans la balance en faveur de Joseph Aoun.
Conséquences de la guerre
L'élection intervient après un sérieux revers infligé au Hezbollah par Israël durant le conflit. Ce dernier a notamment coûté la vie à son chef, Hassan Nasrallah.
Le cessez-le-feu prévoit le déploiement de l'armée libanaise dans les zones frontalières, en parallèle avec le retrait progressif de l'armée israélienne des territoires occupés pendant le conflit.
Le Hezbollah doit retirer ses troupes au nord du fleuve Litani et démanteler ses infrastructures militaires dans la région. Les États-Unis, la France et l'ONU supervisent la mise en œuvre de cet accord.
Une élection saluée
Depuis le début de la semaine, des émissaires internationaux, dont l'Américain Amos Hochstein, le Saoudien Yazid Al Farhane et le Français Jean-Yves Le Drian, ont rencontré des députés et des personnalités politiques libanaises.
Dans son village natal d'Aïchiyé, dans le sud du Liban, les habitants ont célébré l'élection avec enthousiasme. Des portraits du général Aoun ornaient les rues, accompagnés de slogans de soutien.
Un mandat lourd de défis
Pour permettre cette élection, la Constitution libanaise, qui interdit normalement l'élection de hauts fonctionnaires en poste ou ayant exercé leur fonction au cours des deux dernières années, a dû être amendée.
Le nouveau président est désormais confronté à de lourdes responsabilités. Il devra nommer un Premier ministre chargé de former un gouvernement capable d'obtenir la confiance de la communauté internationale et de mener des réformes économiques urgentes.
Ces réformes sont indispensables pour relancer une économie exsangue et reconstruire les zones dévastées dans le sud du pays.