La forte pénétration des réseaux sociaux comme Facebook, WhatsApp ou TikTok, qui comptent quelque 36 millions d'utilisateurs dans le pays, permet à des rumeurs et fausses informations de s'y propager comme des traînées de poudre.
Pour Opeyemi Kehinde aussi, membre d'un groupe de vérification des faits, la Nigeria Factcheckers' Coalition il ajoute:
il y a une augmentation de la désinformation électorale, certains candidats calomniant leurs adversaires lors de rassemblements et sur les réseaux sociaux.
Dans le pays, la violence est souvent liée à la désinformation en ligne.
Plusieurs affirmations de comptes faisant la promotion d'une cause séparatiste se sont révélées fausses, comme celle faisant état d'un drone gouvernemental abattu par des sécessionnistes du sud-est. Les photos accompagnant les affirmations étaient en réalité anciennes et liées à d'autres évènements.
Une pénurie de billets, créée par un changement de coupures et qui a provoqué des manifestations dans plusieurs villes avec des attaques de banques, a aussi suscité son flot de désinformation.
La Banque centrale a expliqué que le changement de billets visait à éliminer de la fausse monnaie en circulation et à lutter contre la corruption politique. Sans véritablement convaincre les Nigérians.
Des rumeurs en ligne se sont ainsi multipliées, notamment celles selon lesquelles des candidats à la présidentielle thésauriseraient des billets. Un message partagé plus de 14.000 fois a faussement affirmé que des camions remplis d'argent avaient été saisis au sein du parti au pouvoir APC.
Les doutes et questionnements au sein de la population sont favorisés par les accusations de fraude électorale généralisée, d'erreurs de décompte et de corruption qui ont marqué ces dernières décennies plusieurs scrutins.
Selon un rapport de février du groupe d'enquête panafricain Afrobarometer, près de 80% des Nigérians se méfient de l'INEC. Opeyemi Kehinde rappelle:
Dans le passé, la désinformation a déclenché des violences électorales parce que les gens croyaient ce qu'ils voyaient sur les réseaux sociaux
La désinformation pourrait encore accroître la désaffection des électeurs, alors que le taux de participation au précédent scrutin, en 2019, était déjà tombé à 34%. Et un expert des affaires publiques Chuka Joseph déplore que :
La plupart des candidats n'ont pas dit aux Nigérians comment ils prévoyaient de gérer la dette, l'électricité et la médiocrité des infrastructures qui ont mis l'économie à genoux