Les multiples critiques qui pèsent sur l'Organisation des Nations Unies

La rédaction
13:2126/10/2023, jeudi
MAJ: 26/10/2023, jeudi
Yeni Şafak
Crédit Photo: TIMOTHY A. CLARY / AFP.
Crédit Photo: TIMOTHY A. CLARY / AFP.

Si l'impunité des crimes d'Israël en Palestine est de plus en plus indexée, elle ne constitue qu'une énième critique à laquelle l'Organisation des Nations Unies doit faire face, allant de l'inefficacité du Conseil de Sécurité aux manquements dans la résolution des conflits.

Créée en 1945 à l'issue de la Seconde Guerre mondiale et de l'échec marquant de son ancêtre, la Société des Nations, concernant la "sécurité collective", l'ONU est exposée à des critiques liées non seulement à son système, mais aussi à son efficacité.


Le conflit israélo-palestinien a une fois de plus exposé les tares de l'Organisation, dans son incapacité à sanctionner Israël depuis des décennies. L'impunité des crimes de Tel-Aviv en Palestine est une fois de plus indexée, notamment depuis l'attaque du Hamas du 7 octobre et la réponse totalement disproportionnée du gouvernement de Benyamin Netanyahou.

Dans une allocution ce mardi, le Président turc, Recep Tayyip Erdoğan, avait particulièrement réitéré ses critiques habituelles envers le fonctionnement du Conseil de Sécurité.


"Il apparaît impossible qu'une structure qui reste observatrice de la punition collective infligée à la population de Gaza soit un espoir pour l'humanité et la paix"
, a-t-il expliqué, affirmant aussi:
"malheureusement, la communauté internationale n'est pas à la hauteur face aux attaques illégales et sans limite contre les civils du régime israélien"
.


Cette remarque renvoie surtout à la célèbre phrase du Président Erdoğan prononcée lors du forum de Davos en 2009:


Le monde est plus grand que 5.

L'incapacité de l'ONU à faire appliquer un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, à cause du droit de veto utilisé de manière abusive par les cinq pays qui en disposent, illustre parfaitement l'une des imperfections majeures systémiques de l'Organisation. Mais les tares de l'ONU ne s'arrêtent pas là.


La MINUSMA et la MONUSCO décriées en Afrique


L'Organisation des Nations Unies rencontre surtout des soucis dans son efficacité face au plus grand fléau actuel: les groupements armées non étatiques. Au Mali par exemple, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) n'a pas pu aider le pays face aux groupes terroristes malgré la présence de plus 15 000 éléments sur le terrain pendant huit ans.


En juin dernier, demandant le départ de la Mission, le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop avait notamment accusé la MINUSMA d'être
"devenue un élément du problème en alimentant les tensions intercommunautaires"
. Ce qui témoigne d'un manque de confiance qui commence même à se sentir entre l'Organisation et un État-membre, ainsi qu'au sein des populations.


Comme au Mali en effet, en République Démocratique du Congo aussi plusieurs manifestations contre la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO), déployée depuis 1999, ont été notées ces derniers mois.

Lors de la 78e session de l'Assemblé Générale des Nations Unies, le Président congolais Félix Tshisekedi, en a même réclamé l'accélération de son retrait.
"Il est temps que la RDC devienne l'acteur principal de sa stabilité. Il est illusoire et contre-productif de compter sur la MONUSCO pour rétablir la paix et la stabilité. Son retrait est devenu nécessaire pour apaiser les tensions entre les populations et la mission"
, a-t-il lâché à New York.

Il a notamment exprimé sa frustration quant au fait que la mission richement financée, qui compte environ 15 000 soldats de la paix,
"n'a pas réussi à faire face aux rébellions et aux conflits armés, et à protéger les populations civiles".

L'inefficacité de l'ONU sur plusieurs conflits en Afrique


L'Organisation s'est aussi illustrée de par son incapacité à régler définitivement certains conflits ou à agir de façon efficace dans leur prévention. Certains d'entre eux en Afrique sont presque relégués au second plan. Félix Tshisekedi avait notamment pointé du doigt ce problème.


"Les peuples africains ont du mal à comprendre l'attitude ambiguë, les politiques de deux poids deux mesures, les hésitations et les tergiversations de notre organisation, en particulier de son Conseil de Sécurité, face à certaines crises politiques et sécuritaires qui perdurent en Afrique, parfois depuis plusieurs décennies,"
avait affirmé le Président congolais.

Même si l'ONU a connu des avancées majeures surtout comparée à la SDN, il lui reste du chemin à faire. Le Conseil de Sécurité, telle qu'elle a été organisée en 1945, ne correspond plus au monde actuel, devenu multipolaire et certains acteurs non membres, qui peuvent être entendus sur certains conflits, ne sont pas pris en compte. Une réforme devient plus que nécessaire, non seulement pour l'efficacité de l'ONU mais surtout pour sa survie.


L'incapacité de l'Organisation à faire respecter le Droit International est particulièrement l'une de ses tares majeures et nuit à sa capacité à assurer la sécurité collective. Tant que l'égoïsme des États ne sera pas en mesure d'être freiné par le droit international et par des mesures de coercition de l'ONU, les effets de l'anarchie perdureront dans le système international et des États comme Israël resteront des menaces majeures à la paix et à la sécurité des uns et des autres.


Par
ALIOUNE ABOUTALIB LÔ

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