Les moments clés de la vie politique de Jimmy Carter

13:4630/12/2024, lundi
AFP
Jimmy Carter (centre) félicite Anwar al-Sadat (gauche) et Menachem Begin (droite) qui se serrent la main le 26 mars 1979, devant la Maison Blanche, après avoir signé le traité de paix entre Israël et l'Égypte, parrainé par les États-Unis.
Crédit Photo : CONSOLIDATED NEWS PICTURES / AFP
Jimmy Carter (centre) félicite Anwar al-Sadat (gauche) et Menachem Begin (droite) qui se serrent la main le 26 mars 1979, devant la Maison Blanche, après avoir signé le traité de paix entre Israël et l'Égypte, parrainé par les États-Unis.

Ridiculisé et décrié du temps de sa présidence, le 39e président des Etats-Unis et prix Nobel de la paix Jimmy Carter, mort dimanche à l'âge de 100 ans, a néanmoins laissé une marque indélébile, notamment pour son oeuvre après son unique mandat.

Voici quelques moments-clés de sa présidence et au-delà.


Le canal de Panama


Durant sa première année à la Maison Blanche, Jimmy Carter, revenant sur une promesse électorale, décide de rendre la gestion du canal de Panama, que l'armée américaine contrôlait depuis sa construction à l'aube du 20e siècle, à ce pays.


"L'équité et non la force doit être au coeur de nos relations avec les nations du monde"
, avait-il expliqué.

En signant le 7 septembre 1977 les traités Torrijos-Carter sur le canal qui relie les océans Atlantique et Pacifique, l'ancien président a été mis au pilori, accusé de
"capituler"
.

La suite des événements a pourtant prouvé qu'il s'agissait d'une décision diplomatique habile.


Donner aux Panaméens un rôle plus important dans la gestion du canal, deux décennies avant d'en céder le contrôle à l'Autorité du canal de Panama, a permis d'assurer la stabilité, notamment pour le commerce, dans l'isthme. Et de trancher avec l'image impérialiste des Etats-Unis en Amérique latine.

Le président élu Donald Trump a menacé le 21 décembre 2024 de reprendre le contrôle du canal.


Un engagement moral


Dès son arrivée au pouvoir, Jimmy Carter a cherché à se distancier de la
"realpolitik"
héritée de la Guerre froide, et a placé les droits humains au coeur de la politique, intérieure comme extérieure, de son gouvernement.

"Notre objectif principal est d'aider à former un monde plus attentif aux aspirations des peuples partout (dans le monde) pour le bien-être économique, la justice sociale, l'autodétermination politique et les droits de l'homme fondamentaux"
, avait-il déclaré le 7 juin 1978 devant l'Académie navale américaine.

Concrètement, M. Carter a notamment signé le Pacte international relatif aux droits civils et politiques en 1977, définitivement ratifié par les Etats-Unis en 1992 après des années de blocage au Sénat.

Accords de Camp David


En septembre 1978, Jimmy Carter réunit le Premier ministre israélien Menachem Begin et le président égyptien Anouar el-Sadate à Camp David, lieu de villégiature officiel des présidents américains, au nord de la capitale fédérale Washington.


Après treize jours de négociations secrètes sous la médiation de M. Carter, deux accords-cadres sont trouvés entre Israël et l'Egypte.

Ils devaient permettre d'éviter une cinquième guerre israélo-arabe et ont été qualifiés de "plus grands triomphes diplomatiques du vingtième siècle".


"Crise de confiance"


A l'été 1979, secoué par l'inflation et décrié par les Américains, M. Carter s'adresse directement à eux le 15 juillet à la télévision, lors d'une allocution d'une demi-heure très suivie. Il répond aux critiques sur son manque de leadership en rejetant la faute sur une
"crise de confiance"
au niveau national.

"L'érosion de la confiance dans l'avenir menace de détruire le tissu politique et social de l'Amérique"
, avait-il estimé lors de son intervention, très mal accueillie par ses concitoyens et qui lui est revenue comme un boomerang.

Cinq de ses ministres ont démissionné dans la semaine.


Crise des otages


La crise des otages américains en Iran en 1979, lors de laquelle plus de 50 Américains ont été retenus 444 jours à partir du 4 novembre dans l'ambassade des Etats-Unis à Téhéran, a marqué la mort politique de Jimmy Carter en tant que président.


L'annonce, le 24 avril 1980, de l'échec de la mission militaire pour assurer leur libération a anéanti ses espoirs de réélection.


L'opération
"Eagle Claw"
(
"serre d'aigle"
) a été mise en déroute par des tempêtes de sable imprévues et des problèmes mécaniques qui ont conduit à son annulation. Pendant le retrait d'Iran, deux hélicoptères sont entrés en collision, tuant huit Américains.

Dans les jours qui ont suivi, le secrétaire d'Etat Cyrus Vance démissionnait et l'échec de la mission devenait le symbole de l'incapacité de M. Carter à gérer la crise.

Les otages ont été libérés le 20 janvier 1981, date de prise de fonction du président Ronald Reagan, qui a sévèrement battu son prédécesseur briguant un second mandat.


Le Carter Center


L'ancien président est resté très engagé depuis son retrait de la vie politique.


En 1982, il crée sa fondation, le Carter Center, qui oeuvre pour favoriser le règlement pacifique des conflits, l'observation des élections, la défense des droits humains, la protection de l'environnement et l'aide au développement.


Avec elle, celui qui a parfois été qualifié de
"meilleur ancien président des Etats-Unis"
multiplie les missions de médiation, notamment à Haïti, au Panama, à Cuba, en Corée du Nord, en Ethiopie ou encore en Bosnie-Herzégovine.

Il effectue également des missions d'observation électorale. Fin avril et début mai, il s'était par exemple rendu à Moscou, puis dans les Territoires palestiniens et en Israël.


Prix Nobel de la paix


L'attribution du prix Nobel de la paix 2002 à Jimmy Carter, alors troisième président des Etats-Unis à le recevoir, récompense ses efforts en faveur d'une résolution pacifique des conflits à travers le monde.


C'est aussi une critique de la politique des Etats-Unis, alors que le Congrès américain vient de donner son feu vert à la Maison Blanche pour un recours unilatéral éventuel à la force contre l'Irak, auquel il est opposé.

Membre du groupe des Global Elders (
"Anciens du monde
"), créé par Nelson Mandela en 2007 pour promouvoir la paix et les droits humains, M. Carter y côtoie notamment deux autres prix Nobel de la Paix: l'archevêque anglican Desmond Tutu et Muhammad Yunus, économiste du Bangladesh surnommé
"le banquier des pauvres"
.

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