Les Mauriciens ont voté dimanche lors de législatives à suspense, sur fond d'inquiétudes économiques et démocratiques dans un pays vu comme un modèle de stabilité et de prospérité sur le continent africain.
Dans cette république qui n'a connu que trois familles à la tête de son gouvernement depuis son indépendance du Royaume-Uni en 1968, le Premier ministre Pravind Kumar Jugnauth espère remporter un nouveau mandat de cinq ans à l'issue d'un scrutin qui s'annonce indécis.
Mais un scandale d'écoutes a rapidement entaché sa campagne après que des extraits de conversations téléphoniques d'hommes politiques, membres de la société civile, diplomates et journalistes ont fuité sur les réseaux sociaux courant octobre.
En réaction, les autorités ont annoncé le 1er novembre le blocage des réseaux sociaux jusqu'au lendemain du scrutin, avant de se raviser face au courroux de l'opposition.
Deux blocs principaux se sont affrontés: l'alliance menée par le Mouvement socialiste militant (MSM) de Pravind Kumar Jugnauth, 62 ans, et l'Alliance du changement menée par Navin Ramgoolam, chef du Parti travailliste âgé de 77 ans.
Après des informations de presse évoquant des craintes de fraudes, des policiers avaient été déployés dans les bureaux de vote.
Environ un million d'électeurs étaient inscrits pour ces douzièmes législatives de l'histoire de la république, où le leader de l'alliance qui obtient la majorité devient Premier ministre.
Le taux de participation était de 70% à 17H00 (13H00 GMT), une heure avant la fermeture des bureaux de vote, a indiqué la Commission électorale, qui n'a pas donné de comparaison avec le scrutin de 2019.
Les résultats sont attendus lundi.
Gouvernance
Mais des observateurs y voient des signes d'érosion démocratique.
Elle cite en exemple des scandales de passation de marchés pendant la pandémie de Covid-19, le harcèlement des partis d'opposition, ou la répression policière contre les opposants.
Le mois dernier, Maurice, majoritairement hindoue mais qui compte d'importantes minorités chrétiennes et musulmanes, est par ailleurs passée de la première à la deuxième place au classement de l'indice Ibrahim, qui évalue la gouvernance sur le continent africain.
L'alliance menée par Pravind Kumar Jugnauth avait remporté les législatives de 2019, obtenant 42 sièges sur 70 à l'Assemblée nationale. Cette victoire électorale avait assis la légitimité de celui qui avait succédé en 2017 à son père Anerood Jugnauth.
Navin Ramgoolam, ancien Premier ministre (1995-2000 et 2005-2014), est le fils de Seewoosagur Ramgoolam, qui avait conduit l'ex-colonie britannique à l'indépendance avant d'en devenir le premier chef de gouvernement.
Maurice revendiquait la souveraineté sur l'archipel Chagos depuis son acquisition en 1965 par Londres, qui en a chassé les habitants pour y installer la base.