L'économie dévastée de la Syrie post-Assad

La rédaction
18:029/12/2024, lundi
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Dans la localité de Majdal Shams, située sur le plateau du Golan occupé par l'armée israélienne, des habitants ont célébré la chute du régime baasiste en Syrie, en brandissant le "drapeau de la révolution syrienne", le 9 décembre 2024.
Crédit Photo : AA / AA
Dans la localité de Majdal Shams, située sur le plateau du Golan occupé par l'armée israélienne, des habitants ont célébré la chute du régime baasiste en Syrie, en brandissant le "drapeau de la révolution syrienne", le 9 décembre 2024.

La Syrie, dévastée par la guerre civile depuis 2011, fait face à une économie en crise marquée par la pauvreté, le déclin énergétique et le commerce illégal.

Le régime de Bachar al-Assad en Syrie a légué à la Syrie une économie dévastée, aggravée par une guerre civile qui a commencé en 2011. La reprise économique reste un objectif lointain, confrontée à des défis persistants tels que la pauvreté généralisée, la baisse de la production et l’instabilité régionale.


Le régime d’Assad, renversé, a vu le produit intérieur brut (PIB) de la Syrie chuter de plus de 85 % entre 2011 et 2023, atteignant 9 milliards de dollars. Il est prévu que l’économie se contracte encore de 1,5 % cette année.

La consommation privée en Syrie s’est effondrée, et 69 % des Syriens, soit environ 14,5 millions de personnes, vivent dans la pauvreté depuis 2022, selon des données de la Banque mondiale.


Un Syrien sur quatre est confronté à une pauvreté extrême, situation aggravée par l’impact dévastateur du tremblement de terre de février 2023.

Déclin significatif de la production énergétique


Les politiques du régime Assad ont conduit à une chute importante de la production énergétique. La production de pétrole de la Syrie est passée de 383 000 barils par jour avant la guerre civile à 90 000 barils par jour l’an dernier.


Le régime aurait également permis à l’organisation PKK/YPG d’occuper certaines régions, privant ainsi le pays de revenus pétroliers.


La Syrie, autrefois le plus grand exportateur de pétrole de la Méditerranée orientale, est devenue importatrice de pétrole en raison des baisses drastiques de la production. Les importations de pétrole syriennes, principalement en provenance d’Iran, ont presque doublé entre 2020 et 2023. Aujourd’hui, ces importations représentent près de la moitié de la consommation pétrolière domestique.

Baisse de la production agricole


Le déclin de l’économie syrienne s’est également reflété dans l’agriculture, avec une réduction de 25 % des terres cultivées par rapport à la période précédant la guerre civile.


Les exportations syriennes ont chuté de 89 %, atteignant moins d’un milliard de dollars, tandis que les importations ont diminué de 81 %, pour s’établir à 3,2 milliards de dollars. Selon la Banque mondiale, l’accès des agriculteurs aux semences, aux engrais, au carburant et aux pièces détachées pour machines agricoles est devenu de plus en plus difficile, entraînant une baisse de la production agricole.


Par ailleurs, la livre syrienne s’est dépréciée face au dollar, son taux ayant été multiplié par 270 entre 2011 et 2023, alimentant ainsi l’inflation.

Les recettes fiscales du régime Assad ont chuté de 35 % en termes réels en 2023 et de 85 % par rapport aux niveaux d’avant le conflit en 2010. Pour équilibrer le budget, le régime a réduit ses dépenses de 87 % en 2023 par rapport à 2010.


Il a également adopté une loi visant à économiser sur le budget en réduisant les programmes de subventions gouvernementales. La part des subventions dans le budget de l’État est passée de 42 % à 19 % en 2023, entraînant une hausse des prix du gaz, du pétrole et des médicaments subventionnés en août 2023.


Producteur majeur de Captagon


En outre, la Syrie est devenue un producteur et vendeur majeur de Captagon, une drogue hautement addictive, nom commercial du fenétylline, un psycho-stimulant interdit. Selon la Banque mondiale, ce commerce a généré jusqu’à 5,6 milliards de dollars entre 2020 et 2023.
Les acteurs impliqués dans la vente de Captagon auraient engrangé 1,8 milliard de dollars par an, soit presque le double des revenus légaux des exportations syriennes.

Certaines études estiment que la famille Assad aurait accumulé une fortune de 1 à 2 milliards de dollars, tandis que la population fait face à une pauvreté extrême. On pense que cette richesse est dissimulée dans plusieurs comptes bancaires à l’étranger.


Des images circulant en ligne montrent l’intérieur de la résidence de la famille Assad, le Palais du Peuple à Damas, révélant des véhicules de luxe et d’autres objets associés à un style de vie extravagant.


Les experts estiment que la reprise économique de la Syrie, après le régime Assad, commencera avec le soutien des pays de la région, notamment la Türkiye.


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