Deux concerts caritatifs étaient prévus jeudi et vendredi, offrant aux fans l'occasion d'ouvrir une brève parenthèse dans un quotidien assombri par le conflit. Le premier concert, destiné à l'élite de Goma, a eu lieu dans l'un des hôtels les plus chers de la capitale de la province du Nord-Kivu.
Parmi les présents, le vice-gouverneur militaire, deuxième autorité de cette région soumise à l'état de siège depuis 2021, s'est déplacé pour l'occasion.
Un second concert, destiné à un public plus large, devait se tenir le lendemain sur un terrain au bord du lac Kivu, à l'ouest de la ville. Le prix d'entrée de cinq dollars restait inaccessible pour une grande partie de la population, dans un pays où environ 74,6 % des habitants vivaient avec moins de 2,15 dollars par jour en 2023, selon la Banque mondiale.
Jule Polizien, 22 ans, vendeur dans une cafétéria, affirme:
j'aurais préféré que le concert soit gratuit, car nous sommes en guerre. Néanmoins, s'il va chanter pour compatir avec la population, c'est une bonne chose.
Au sein d'un groupe d'amis avec des verres à la main, une jeune fille se lance:
Une grande star comme ça, il n'est pas souvent au Congo, alors à Goma, il faut en profiter.
Cependant, alors que les heures passent et que le soleil tombe, Fally Ipupa n'arrive toujours pas. Bientôt, des rumeurs d'annulation circulent sur WhatsApp, et la police anti-émeute se déploie pour prévenir d'éventuels troubles.
Plusieurs spectateurs sont légèrement blessés, dont David De Mielo, tombé et piétiné dans la cohue.
Ce dernier a invoqué sur les réseaux sociaux des raisons de sécurité, expliquant que les taxis motos, principal moyen de transport, sont interdits de circulation après 18 heures en raison de l'état de siège. Le retard de l'équipe risquait de créer un attroupement difficile à gérer.
Cette mesure, déjà réputée pour empêcher une bonne partie de la jeunesse de se divertir dans les bars du centre le soir, faute de moyens pour payer un taxi, a ainsi mis un terme à une soirée que beaucoup attendaient avec impatience.