"Aujourd'hui est un jour de fierté et de joie pour le peuple du Bangladesh"
, a déclaré la Première ministre Sheikh Hasina dans une conférence en ligne avec le président russe Vladimir Poutine pour entériner la livraison.
Mme Hasina a remercié M. Poutine pour
"ses conseils et son aide dans la mise en œuvre de ce projet".
La construction de la centrale nucléaire de Rooppur, un village situé sur les rives du Gange à 175 kilomètres à l'ouest de la capitale Dacca, a débuté en 2017. Moscou finance 90% du projet d'un coût de 12,65 milliards de dollars.
Le premier de ses réacteurs, de 1.200 mégawatts chacun, devrait entrer en service l'année prochaine et les deux seront entièrement opérationnels en 2025, a déclaré le ministre bangladais de la Technologie, Yeafesh Osman, aux journalistes lors d'une visite mercredi de l'installation.
Deuxième centrale en projet
Le Bangladesh espère, avec cette centrale, en finir avec les pannes d'électricité chroniques qui le frappent, et prévoit de construire une deuxième centrale nucléaire dans le sud du pays. Le site définitif n'a pas encore été choisi.
Les sanctions imposées par Washington aux principales entreprises russes depuis l'invasion de l'Ukraine l'année dernière, dont l'agence nucléaire d'État Rosatom, ont retardé les travaux de construction, car Dacca n'était pas en mesure d'effectuer les remboursements de prêts dans la devise américaine.
En avril, le Bangladesh a accepté d'effectuer des paiements de plus de 300 millions de dollars en yuans chinois afin de contourner les sanctions.
Mais les responsables de la banque centrale ont déclaré que l'argent n'avait pas encore été versé.
"Le monde entier est confronté à ce problème de paiement et nous ne faisons pas exception"
, a expliqué M. Osman.
"Cependant, nous essayons de résoudre le problème."
L'absence de paiement n'a pas eu d'incidence sur les efforts déployés par le Bangladesh pour resserrer ses liens avec Moscou.
Le mois dernier, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s'est rendu pour la première fois à Dacca, saisissant l'occasion pour critiquer
"la pression exercée sur le Bangladesh par les États-Unis et leurs alliés".
Le gouvernement de Mme Hasina est en quête de nouveaux alliés avant les élections générales prévues fin janvier, tandis que les gouvernements occidentaux et les défenseurs des droits affirment qu'il fait taire la dissidence politique.
La centrale de Rooppur est le projet d'infrastructure le plus coûteux entrepris par Mme Hasina, au pouvoir depuis 2009.
Elle sera la plus grande centrale électrique du pays, en termes de capacité de production une fois pleinement opérationnelle.
Le Bangladesh a plusieurs autres centrales au charbon et au gaz en construction, mais il cherche désespérément à réduire sa dépendance quasi totale à l'égard des combustibles fossiles.
Cet été, frappé par une vague de chaleur étouffante qui a fait exploser la demande d'électricité, le Bangladesh a dû fermer sa plus grande centrale électrique faute de moyens pour financer le charbon nécessaire à son fonctionnement.
Son réseau électrique montre de plus en plus de signes de tension. En octobre 2022, au moins 130 millions de personnes au Bangladesh ont été privées d'électricité à la suite d'une défaillance du réseau ayant entraîné une panne générale.
Avant cette panne, le Bangladesh a souffert pendant plusieurs mois d'une grave crise énergétique due à la hausse des cours mondiaux du carburant et du gaz, consécutive à l'invasion de l'Ukraine.
Les centrales diesel du pays produisant de l'électricité, d'une capacité de production de 1.500 mégawatts, et certaines centrales à gaz ont été mises à l'arrêt.
Les autorités présentent les ambitions du Bangladesh en matière d'énergie atomique comme un élément clé de la lutte contre le changement climatique dans ce pays de basse altitude plus vulnérable que d'autres aux conditions météorologiques extrêmes.
"Cela aidera le Bangladesh à réduire considérablement ses émissions de carbone d'ici 2030"
, a déclaré à l'AFP Shawkat Akbar, directeur de la centrale de Rooppur.